Enchaîné par le désir [Georgiana Leyburn & Joseph de Weissman]

Invité

Enchaîné par le désir [Georgiana Leyburn & Joseph de Weissman] 0410

Enchaîné par le désir [Georgiana Leyburn & Joseph de Weissman] 0115

Enchaîné par le Désir

Juin 1536.

Les invités n’étaient pas venus en nombre. Autour de la table, plusieurs chaises étaient vides. Ce n’était guère étonnant. Il n’était à peine vingt-deux heures. Joseph de Weissman avait accepté l’invitation à contrecœur, mais, aujourd’hui, il avait une bonne raison d’être là. Il espérait croiser Ladies Svanhilde Pretorian. Au bout de la table, retentit l’éclat de rire tonitruant d’une femme, s’esclaffant d’une de ses propres plaisanteries. Une lueur de dédain passa dans les yeux couleur sombre de Joseph. Il détailla la pièce autour de lui, les tentures de soie drapées, la table immense, le mobilier luxueux, qui constituaient des témoignages accablants de l’arrogance et de l’ambition de Maître des lieux. Qui était-il déjà ? Il haussa les épaules, comme si la réponse n’avait que peu d’importance. Il porta son attention sur le croupier qui se pencha sur la table.

- Mesdames et messieurs, faites vos jeux, s’il vous plaît !

Joseph chassa d’un geste élégant la fumée d’un cigare qui lui venait dans les yeux et poussa du bout des doigts trois jetons sur le tapis vert. À cet instant précis, le gentleman qui se trouvait entre lui et un jeune homme se leva, ramassa sa mise et quitta la table en tapotant l’épaule du dandy d’un air d’encouragement. Joseph déposa une pile de jetons sur le vingt-deux noir.

- Messieurs et mesdames, rien ne va plus ! Les jeux sont faits Annonça le croupier.

D’un mouvement souple, il fit tourner la roulette et lança la boule. Celle-ci rebondit avec un claquement sec et son cliquetis souligna le bourdonnement des conversations. Elle atterrit sur le vingt-deux noir. Le croupier poussa ses gains devant lui avant même que la roulette ait cessé de tourner. Joseph les ramassa et se dirigea vers la pièce d'à côté pour profiter du buffet et attraper une coupe de champagne.

Il fronça brièvement les sourcils en écoutant la musique qui s'élevait dans la salle de bal, mais fut aussitôt distrait par le rire léger d’une demoiselle. Ce n’était pas du tout le genre de femme auquel il avait coutume de s’intéresser. Elle était séduisante, constat-il en observant son visage délicat. Presque trop parfait. Le rose de l’innocence teintait encore ses joues fragiles et ses traits étaient aussi finement sculptés que ceux d’une déesse. Toutefois, elle était loin d‘être aussi innocente qu’elle en avait l’air. Joseph l’observait discrètement, son regard était inévitablement attiré vers elle, était-ce, cela, que l’on nommait désir ? Ses yeux sombres et pétillants insistaient à survoler le visage, le long cou, le buste droit, sa poitrine ronde recouvert d’une couche de tissu; ses épaules de danseuse pour terminer sa contemplation en fixant cette bouche pulpeuse.

Joseph devait absolument faire sa connaissance.

« Chapitre I ♣ Une soirée qui s'annonce parfaite. »
Georgiana Leyburn ne doutait jamais d'elle, tout comme elle ne doutait jamais des bonnes augures d'une soirée. Les mondanités londoniennes comblaient une grande partie de son temps et de sa vie, là où il y aurait du beau monde, la marquise se devait d'être présente et surtout d'obtenir une invitation. Thomas n'était pas là, le pauvre était si pris à cause de cette histoire de Rose Noire que sa belle et douce femme se devait de représenter la famille seule. N'allez pas croire que cela dérange la belle libertine, oh que non, après tout, elle allait peut-être pouvoir dénicher un nouvel amant durant cette soirée.
Georgiana Leyburn avait beaucoup misé sur son apparence pour cette soirée, certains de ses ennemis étant présent, elle devait se montrer voluptueuse. Vêtue d'une robe d'un rose, qui annonçait la passion et avec son rose aux joues qui lui donnait des airs de poupée de porcelaine, on avait envie que d'une chose de la croquer. Un sourire élégant aux lèvres, elle ravissait les hommes qui avaient délaissés la table de jeux. La jeune femme les envoutait avec des regards et les passionnait avec sa conversation.
La jeune femme aimait s'entourer d'une cour d'hommes, même si cela lui était reproché par son mari, elle aimait plaire et cela ne changerait jamais. De plus, elle avait de la chance, puisque le marquis n'avait toujours pas eu connaissance de ses aventures extra-conjugales. Georgiana avait de la chance et elle comptait bien en profité, après tout ses machinations étaient efficaces et aucuns de ses amants n'avaient trahis son secret. La belle n'osait pas imaginé la réaction de Thomas s'il apprenait un jour, qu'il avait été fait cocu par sa femme et cela avec un nombre incalculable d'amants. La blonde le savait sa prudence payait pour le moment, mais un jour, il se pourrait que la roue tourne et même si aucuns de ses enfants n'étaient des bâtards, elle n'était pas sûre que son mari prenne bien, le fait qu'il avait été aussi ouvertement trompé.

En tout cas, ce soir la belle blonde avait bien vite oublié son cher époux, après tout, elle était tellement bien entouré et cela avait tendance à faire enrager cette bonne vieille Mary, une idiote qui pensait pouvoir être mieux qu'elle. Georgiana lui envoya un regard remplit de dédain avant de retourner auprès de ses admirateurs. Un verre de vin à la main, elle écoutait parlé un autre marquis de ses possessions. Ce qu'elle avait appris avec le temps, c'est qu'elle devait toujours écouté les hommes, surtout quand ils se trouvaient très bavards après l'acte. Lors de ces moments-là, la belle pouvait recueillir de nombreuses informations.
La blonde était maline et se délectait toujours des attentions qu'on lui accordait, après tout, elle voyait tellement peu son mari, qu'il lui fallait trouver le bonheur ailleurs.

« Cher marquis, voulez-vous me tendre le bras pour m'accompagner dans le jardin. » La belle lui accorda un sourire et une œillade envoutante.

Cet homme, elle voulait l'ajouter sur son tableau de chasse, mais il allait devoir passer un test, avant de finir dans le lit de la belle. L'homme lui accorda tout de suite son bras et il la conduisit dans les jardins. Ceux-ci étaient somptueux, mais Georgiana ne s'en occupa guère, tout ce qu'elle voulait, c'était savoir jusqu'où le marquis était prêt à aller. Elle doutait encore de l'homme et ses doutes se confirmèrent quand gêné, il préféra s’éclipser. La blonde soupira, les jeunes n'étaient vraiment pas fait pour elle. Exaspéré, elle retourna dans la demeure. Il y avait un peu plus de monde que tout à l'heure, ce qui lui donnait plus de champs libres pour agir. La jeune femme croisa alors l'un de ses amis, l'un des rares hommes qu'elle n'avait pas mis dans son lit. Le pauvre avait été blessé lors d'un combat et son visage en avait pâti. Georgiana l'appréciait beaucoup et lui faisait entièrement confiance. Ce dernier s'empressa de venir l'aborder et une discussion s'engagea entre les deux protagonistes. Une blague fût dites à un moment à propos de la robe hideuse d'une baronne. La blonde s'esclaffa d'un rire cristallin. C'est à ce moment-là qu'elle se sentit observé, elle se retourna discrètement et tomba sur le regard d'un magnifique homme, qu'elle n'avait jamais vu avant ce jour.
Désireuse, mais très joueuse, la belle lui accorda un regard plein de sous entendus et retourna à la conversation qu'elle avait engagé. Au fond d'elle même, la marquise le savait, cet homme elle le voulait et elle l'aurait pas tous les moyens.