Sujet: ~{ Anthony Donovan, l'archet enchanteur Mar 24 Jan - 21:37
Anthony Donovan feat Ben Barnes.
Je me nomme Anthony Donovan, j'ai 21 ans et je fais partie des protégés de notre belle élite anglaise. Je suis un anglais - cependant, je ne peux hélas jurer de rien sur des ascendances plus lointaines que ma défunte mère, mon métier est violoniste. Je vis en ce moment à Londres, et malheureusement pas toujours dans les endroits les mieux famés . _________________________________________________
Les Pétales de la Rose
Voilà le modèle parfait de l’être arraché de son milieu natal et transplanté dans une sphère délicieusement aérienne, si loin de son bourbier originel qu’il lui semble quelquefois avoir rêvé son enfance et sa jeunesse. Ce qui le caractérise réellement et l’isole catégoriquement de sa caste, ce sont ses indéniables talents de musicien et de chanteur, bien qu’il dût renoncer avec douleur et amertume au chant après une mue redoutée vers ses quinze ans. Fort heureusement, il reste un violoniste hors pair, qui ne cesse de perfectionner son art avec rigueur, bien conscient que c’est là son seul moyen de survie, ainsi que l’instrument le plus efficace pour réaliser ses ambitions – hormis cette étrange forme de prostitution dans laquelle il tombait autrefois, avec cette incompréhensible acceptation d’un enfant déjà corrompu par quelques passions extérieures trop souvent impures.
Mais qu’importe, qu’importe à présent ! A vrai dire, Anthony a ainsi pu se découvrir un goût particulier pour son propre sexe – toutefois, que ces dames se rassurent ! Il conserve une attraction folle envers le beau sexe qu’il admire autant qu’il le peut : il a autant de passion pour les jolis papillons étincelants des salons, que pour les fleurs des champs et les affriolantes petites soubrettes (ces dernières ont en outre la même et douloureuse instabilité de statut : elles se sont policées au contact de la haute société, tout en ayant toujours cette gouaille des quartiers de misère).
D’un homme, Anthony ne pourra jamais tomber réellement amoureux, il le sent très clairement - ou tout du moins, c'est ce qu'il proclame dans les conversations un peu lestes qui abordent ce sujet palpitant de l'homosexualité, pourtant ô combien tabou. Il y a trois raisons à cela : tout d’abord, encore faudrait-il qu’il cesse d’avoir le béguin pour le premier jupon qui passe (ce qui pourtant l’expose à des sottises plus ou moins monumentales : se faire éclabousser de boue son seul habit, bien entendu de couleur sombre et alors même que sa comtesse préférée l’attend impatiemment dans le vaisseau qui lui sert de lit ; rouler sous les sabots d’un cheval et manquer de se fracasser le crâne ; renverser sur ses pieds le potage bouillonnant et être alité trois semaines durant) ; ensuite, le Père Alexandre Cromwel lui a si bien peint la damnation du sodomite, à grand renfort d’images terrifiantes (trou abyssal où un brasier dévore éternellement les horribles galopins, quelle profondeur équivoque, quand il y pense ! Ou bien d’atroces supplices inspirés des exécutions publiques qui rendaient malade Anthony invariablement), que sa foi de chrétien le pousse à des pénitences cruelles – actes de contrition pourtant fort inutiles, sa chair étant par trop faible devant la tentation ! Enfin, le jeune violoniste chérit l’idée de créer une dynastie d’artistes, qui peut-être, un beau jour, eux aussi prétendront à un titre de noblesse grâce à leurs dons et leur mérite. Hélas ! Ce beau romantique cherche toujours l’élue de son cœur, puisqu’il ne lui est pas permis de s’illusionner vis-à-vis des quelques aristocrates qui l’ont subjugué, mais auxquelles il ne peut prétendre…
Néanmoins, un élément vient constamment perturber son esprit : il se nomme Gaspard Saderson, son premier amour et comme le sait tout un chacun, la première personne aimée laisse toujours un souvenir impérissable... C'est le cas pour ce vieil ami un peu trop chéri, parti si loin devenir le chevalier qu'il aspirait à être depuis sa plus tendre enfance. Anthony ne sait pas vraiment comment il se devra de réagir, si jamais le destin devait les mettre perversement face à face ; en tout cas, il ressent encore un émoi violent chaque fois qu'il se replonge dans le passé, et leurs douces nuits à la belle étoile...
La plus belle qualité d’Anthony semble être une souplesse à toute épreuve, qui lui permet de rebondir admirablement dans toutes les situations : son sens de la répartie fera taire ceux qu’il peut décemment moucher, mais il se maintiendra sagement dans une posture de statue impénétrable lorsqu’il se fera piétiner par un lord qui le prendra pour un vulgaire laquais. D’ailleurs, sa position actuelle, grâce à sa belle Eleanor et son renom déjà formidable de musicien, lui permet à présent d’être respecté… dans la limite des convenances, certes, toutefois il est plutôt fier de pouvoir non seulement côtoyer la fine fleur de la société, mais aussi d’être vanté chez les vieilles douairières et les princes, adulé par les demoiselles en mal de romantisme et les dames plus mûres, mais bien plus dangereuses…
M. Donovan est en quelque sorte un objet, et il le sait : son honnêteté naturelle, consolidée par le père Cromwel, l’oblige à ne jamais se leurrer à cause de sa nature rêveuse, et à regarder la réalité sous sa lumière la plus défavorable, comme lorsqu’il fait face à son miroir au petit matin, aux lendemains de petites réjouissances, les sauteries huppées chez la comtesse de Somerset ou les jours d’irrémédiable tristesse, où le dégoût nauséeux de lui-même l’empêche de se restaurer ou de se distraire… Le seul remède est alors de jouer, jouer et jouer comme un forcené, ne faire qu’un avec son instrument, partie de son propre corps qui exprime mieux que des mots sa mélancolie, fait vibrer sa poitrine d’une résignation tumultueuse puis paisible, avant de le faire s’écrouler, sans force, dans un fauteuil. La musique est la clef de sa survie dans le monde, au sein duquel il aurait dépéri sans son talent qui se trouve être une double sauvegarde : il assure à ce prodige une place qui le nourrit et lui a donné un semblant d’indépendance, puis il lui permet de s’évader, de guérir momentanément d’un malaise qui le gagne insidieusement à chaque instant…
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LA PERSONNE QUI VIENT DU XXIéme SIÈCLE
Comme nous sommes très curieux, on voudrait connaître ton petit nom Vandenesse et au passage ton âge: 20 ans. Bon maintenant on aimerait connaître l'endroit où tu as découvert l'adresse de Majestic Rose: ATDV. Au fait, tu en penses quoi du forum? Les teintes douces m'ont séduites, au premier abord... puis en flânant dans le contexte, les personnages prédéfinis et les sujets dont j'ai pu apprécier la qualité, j'ai succombé !.... Un autre mot à dire? Cela fait bien longtemps que j'ai arrêté le rp, alors que j'en étais presque accro fut un temps ; je ferai donc de mon mieux, en espérant n'avoir guère perdu de cet ancien passe-temps !
Dernière édition par Anthony Donovan le Dim 5 Fév - 13:43, édité 5 fois
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Sujet: Re: ~{ Anthony Donovan, l'archet enchanteur Mar 24 Jan - 21:37
Les Contes de la Rose
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Premier tableau : la prime jeunesse
Dans la mémoire d’Anthony, ce qui est antérieur à sa rencontre avec le père Alexandre Cromwel est semblable à une sorte de préhistoire un peu trouble, un amas de sensations et de souvenirs fulgurants dont il ne retient réellement qu’un visage, qu’une voix : ceux de sa mère, Sarah Sellers. Cette dernière n’était pas souvent auprès de son fils, toutefois ses rares visites leur causaient une joie intense : enfant des villes, la jeune femme avait mis son bambin chez une nourrice à la campagne, afin qu’il fût loin de toute l’agitation de Londres et de ses périls, qui aspirent promptement les petites âmes sans défense. En outre, il n’était absolument pas question qu’elle s’en occupât elle-même : les Sellers avaient toujours été des caméristes, de mère en fille, et leur devoir leur prescrivait de ne lier aucune attache et de rompre tout contact avec leur famille. Apparemment, aucune femme de cette lignée purement maternelle n’eut l’âme d’une moniale… mais cette tradition cesse ici, avec un fils, Anthony Donovan, humble rejeton d’une famille de domestiques de luxe.
De son père, il ne sut jamais rien, hormis le fait qu’il portait le nom de Donovan : ce fut la seule chose que Sarah consentit jamais à avouer à son fils sur l’homme qui lui porta un si grand embarras pour un si bref instant de plaisir – ou de violence. Elle eut bien tôt fait d’instaurer un petit jeu avec Anthony lorsque, plutôt perspicace pour son âge et horriblement curieux, il réclamait un père et des explications sur son absence, son métier ou son apparence ; il s’agissait alors pour Sarah de lui narrer des contes tantôt fantastiques pour l’enthousiasmer et le faire rêver, tantôt prosaïques afin de contrebalancer ses histoires de géniteur princier ou aventurier qui pouvaient le laisser se noyer dans sa frustration. Le duc devenait alors tailleur ou pâtissier, le capitaine de vaisseau simple marin, mais étranger – la nationalité française, italienne ou irlandaise étant particulièrement priée dans ce cas-là. Ainsi Anthony devait très tôt développer une imagination naturellement très fertile, nourrie davantage par les fables populaires et folkloriques de sa bonne nourrice, Kitty, qui traînait derrière elle une demi-douzaine de marmots hurleurs et turbulents.
Un ami de sa mère ayant des prétentions de dessinateur – ou bien peut-être s’agissait-il de son père, en vérité ? – avait un jour peint son portrait dans une miniature que lui avait remise la comtesse auprès de laquelle Sarah travaillait. Le fermoir cassé par des mains nerveuses lui économisa plusieurs mois de salaire, le sacrifice fut donc moindre et ce fut la seule trace que gardera jamais Anthony de son manque de ressemblance frappant avec sa génitrice (si ce n’est sa mémoire, qui chancelle de plus en plus). En effet, Miss Sellers était blonde comme les blés, le visage criblé de taches de rousseur et de grands yeux noirs qui tranchaient étonnamment avec le reste de sa physionomie. De très petite taille, elle était d’une maigreur nerveuse et parfois douloureuse à voir ou à sentir, comme lorsqu’elle le serrait dans ses bras ou qu’il sentait ses omoplates pointues, alors qu’il était juché sur son dos. De petites dents pointues lui donnaient un air un peu sauvage, et ses sourcils toujours froncés ajoutaient un air farouche et sévère à une apparence qui n’était pourtant pas des plus déplaisantes. Anthony tient très probablement sa fascination de la chevelure féminine, ivre de bonheur lorsque sa mère le laissait brosser, respirer et ébouriffer ses longues mèches dorés, raides comme des baguettes de noisetier, mais douces comme de la soie. Au premier abord, intimidé, il reculait quelque peu devant cette petite femme un peu hautaine, au sourire moqueur et à l’accent un peu artificiel et pincé qu’elle avais acquis auprès de sa maîtresse, dame de la cour plutôt en vogue, à ce que lui avait dit bien plus tard le père Cromwel. Sarah ne manquait d’ailleurs jamais de rendre visite à ce vieil ami auquel, semblait-il, elle vouait beaucoup d’affection.
Quand il y réfléchit, Anthony n’est vraiment pas certain de ce que sa mère projetait pour son avenir, un futur commun étant absolument proscrit. Elle n’avait jamais abordé la question avec le père Cromwel, sa seule intention était clairement de le destiner à une vie provinciale et quelque peu retirée dans une boutique ou chez un artisan. Pourtant, elle avait tenté d’inculquer à Anthony quelques savoirs, et à ses cinq ans le garçonnet pouvait lire des textes simples, se tenir droit comme un lord et s’interdire dans la mesure du possible les injures et cet accent rustique qui horripilait la jeune femme. Les réprimandes cinglantes ou les petites gifles cuisantes étaient fort efficaces, au final, et l’enfant ne cessa pourtant pas de vouer à sa mère un véritable culte. A part ces modestes enseignements, Anthony était complètement inculte, et passait son temps à flâner dans les champs ou les bois de Landscape village, ou bien à hiberner devant la cheminée les jours de grand froid ou de pluie battante.
Anthony allait avoir six ans lorsqu’une missive tachée de boue et de crasse parvint à Kitty, qui ne put qu’observer avec ahurissement les caractères qui y étaient tracés. Elle se rendit donc immédiatement chez le père Alexandre, qui eut tôt fait de la déchiffrer : Sarah Sellers venait de mourir d’une pneumonie et lui recommandait son cher fils, puisqu’il était désormais hors de question de le laisser à titre gracieux chez sa nourrice, qui fondit aussitôt en larmes au souvenir d’une femme généreuse et toujours aimable avec elle, malgré ses manières sophistiquées de citadine – pleurs bientôt taris par la nuée de marmots qui remplissait sa vie.
Deuxième tableau : Enfance paisible et adolescence tourmentée
La perte de sa mère engendra une souffrance intense chez le petit garçon, et cette douleur extrême, qu’il a tenté tant bien que mal d’enfouir dans les profondeurs e son être, n’est peut-être pas pour rien dans son talent prodigieux pour la musique et la passion sublime qu’il peut éprouver sur les êtres vivants comme sur des abstractions ou des objets. En grave état de choc, il ne parvint pas à réagir immédiatement, mais il se trouva durant quelques semaines dans un semi abrutissement qui le faisait errer à travers une campagne mille fois battue, mais qu’il ne reconnaissait plus ; il arpentait l’église de Landscape Village sous l’œil vigilant et contrit du père Cromwel, seulement conscient de l’odeur piquante et âcre à la fois de l’encens froid, pieds nus sur les dalles glaciales de marbre ; enfin, de ridiculement chétif son corps devant décharné, et ses petits camarades de jeux, peu enclins à une compassion qu’ils n’étaient pas encore assez matures pour comprendre ou même éprouver, l’affublèrent du surnom de « little skeleton » ou « Cadaver » qui le suivit ensuite pendant de longues années, à son grand dam.
Le père Alexander sentit bien que la situation ne pouvait se poursuivre ainsi, et qu’il fallait réveiller la vitalité débordante qui avait toujours caractérisée Anthony, à présent rongé par des élans morbides. Puisqu’il ne mangeait guère plus qu’un moineau, il eut la bonne idée de le confier au boulanger, persuadé que si l’appétit ne lui venait plus en mangeant, les merveilleuses effluves du pain sortant d’un four de bois, sa croûte dorée et craquante, sa mie moelleuse et pâle rappelleraient à ses papilles une gourmandise qui surprenait chez lui, quelques mois auparavant. Toutefois, ce ne fut pas ces fournées splendides et fumantes qui le ramènent fort heureusement à la nourriture, mais un pain d’épices fondant comme lui en rapportait parfois sa mère, madeleine de Proust qui fit enfin jaillir ses larmes et vider le chagrin insondable qu’il nourrissait avec une complaisance coupable et inconsciente, car il était trop jeune pour se rendre compte de la douceur de la mélancolie.
Ce retour à la réalité ne fut d’ailleurs pas sans violence, et le père Alexander dut user d’un brin de fermeté pour remuer l’indolence douloureuse qu’avait adoptée le petit garçon : un jour qu’Anthony refusait de retourner à la boulangerie, une paire de gifles puissante remit ses émotions d’aplomb, et par la peau du cou il fut amené sur la tombe de sa mère, un morceau de pain d’épices à la main : force lui fut faite de le rompre et de le manger entièrement, arrosé d’un peu de mauvais vin qui eut cependant le mérite de lui clarifier l’esprit ; traitement pour le moins rude pour un gamin de cinq ans, mais la comédie éplorée du deuil avait bien duré, et devait s’achever sans délais. Avec son habileté coutumière en matière de connaissance de l’âme humaine, et notamment des jeunes âmes, le prêtre apprivoisa définitivement ce frêle garçonnet qui, d’abord terrorisé par cet homme imposant, à la belle voix grave et bien timbrée, tantôt tonnante, tantôt suave mais sans miel, s’attacha indéfectiblement à lui. Il fit figure de père et l’absence de sa mère en fut atténuée, et son souvenir se fit plus ponctuel, pour la tranquillité de son âme.
La compagnie de ses anciens compagnons ne semblait plus le contenter, et pour combler sa solitude, Cromwel lui présenta une petite fille de son âge, Elizabeth Sanderson, la fille du libraire. Anthony se souvint l’avoir déjà vu, mais si rarement que, complètement occupé par ses jeux turbulents avec les autres enfants du village, il avait eu tendance à l’imaginer virtuellement, telle une petite fée évanescente, une fois contemplant le dehors derrière un rideau puis, dans un fugace battement des cils, elle disparaissait soudainement, laissant le garçon dans le plus délicieux des doutes. Toutefois, elle était bel et bien de chair et de sang, et c’était pour le mieux : sa timidité incurable était comme guérie depuis la mort de sa mère et le réveil brutal qui en avait résulté, ce qui l’aida grandement à surmonter celle de « Lily », « Liz » ou « Elsa », suivant l’humeur du jour. Il l’entraîna bien vite dans ses courses à travers champs et forêts, cumulant les chutes, les écorchures et les bouquets de fleurs sauvages, se déguisant en sauvages en craquant l’étoffe bon marché de leurs vêtements, se maculant le visage de boue, tandis qu’ils mêlaient à leurs cheveux des brindilles, des plumes et des feuilles aux découpures ou aux couleurs originales. Autant dire que le retour à la civilisation était chaque fois fracassant, mais les mémorables soufflets distribués ne les dissuadèrent point de cette harmonie ludique avec la nature.
Elizabeth, quant à elle, lui ouvrit les portes de la librairie, et ce au plus grand plaisir de son ami : comme suffoqué, il eut du mal à se remettre de la découverte fabuleuse de cette antre sombre, à la lumière tamisée, éclairée tant bien que mal par des baies au verre poli pour ne pas endommager les précieux ouvrages reliés. Elle avait une curieuse odeur de sciure, de poussière et de quelque chose de pénétrant et de peu agréable que le père de son amie disait être un puissant répulsif contre toutes les insectes avides de grignoter ses trésors de papier. Sachant déchiffrer les lettres grâce aux soins de sa mère, Anthony put parfaire sa lecture et son écriture grâce à Liz, quand les journées pluvieuses (fort nombreuses) les empêchaient de ruiner leurs habits. Allongés à plat ventre sur un vieux tapis miteux, la petite fille jouait à la préceptrice sévère et lui au disciple docile et avide de connaissances. Ils ne comprenaient goutte à la poésie, et ne devaient la comprendre et l’apprécier véritablement seulement de longues années plus tard ; leur enfance fut toutefois dédiée au théâtre, chacun jouant plusieurs personnages, imaginant costumes et décors, puis recréant en un joyeux fatras imaginaire des scènes improvisées qui faisaient leur joie et celle des habitués de la librairie, des Sanderson et du père Cromwel.
Un drame analogue à celui d’Anthony déchira malheureusement le radieux quotidien des deux inséparables : Mrs. Sanderson rendit l’âme, et il comprit enfin pourquoi jamais il ne l’avait croisée auparavant ; enfermée au deuxième étage, dans une chambre à l’air vicié par une maladie incurable, elle n’avait jamais plus souhaité reparaître au grand jour dans l’état de dégénérescence qui était le sien, n’acceptant que les visites des personnes de son foyer. Anthony ne se trouve pas longtemps démuni devant l’affliction muette et terrible d’Elizabeth ; d’abord en proie au désarroi d’être impuissant face à cette fillette éperdue de douleur qu’il admirait et adorait comme sa propre sœur, il choisit d’agir fermement pour la ramener à une paix relative.
Anthony eut l’idée de l’emmener aux offices religieux, lui-même assumant fièrement les petites tâches d’enfant de chœur. Le père Cromwel, soupçonnant quelque intérêt dans la voix cristalline de son agneau, qu’il considérait depuis fort longtemps comme son fils spirituel, le poussa à s’installer parmi le chœur, en compagnie de sa malheureuse amie. Il l’avait, en effet, surpris à maintes reprises à bercer Elizabeth dans ses bras dans l’espoir puéril de la consoler, avec des comptines enfantines, des prières ou des chansons fraîchement paillardes, qui lui valurent encore de nouvelles corrections. Son ancienne timidité empêcha tout d’abord Anthony d’ouvrir la bouche ; puis il suffit d’un « Chante ! » cinglant de son bien-aimé protecteur pour que sa voix angélique retentît dans le silence glacé de l’église. On fut abasourdi, enchanté, envoûté ! Le père Alexander interdit aussitôt les louanges, car il n’était pas question que la vanité s’installât chez cet enfant sensible et quelque peu influençable : elle réduirait à néant et précocement un don du ciel.
Ce don, il se fit fort de le cultiver, et il soumit Anthony à un entraînement vocal quotidien mais pas trop astreignant, afin de ne pas gâter sa voix ni son ardeur devant l’apprivoisement de cet organe qui devait marquer pour lui le début d’une renommée fulgurante. Il préférait par-dessus tout les chants religieux, et dédaignait ce qu’il considérait comme les bagatelles que voulaient lui faire chanter de beaux personnages de cour de passage à Landscape Village, ou les bourgeois de la ville. Pieux, il aimait à s’absorber dans ces harmonies qu’il désirait célestes, prodigieusement apaisantes et propices au recueillement et à l’édification. Sans négliger pour autant Elizabeth, il se mit à jouir, si jeune, de l’admiration d’un si grand nombre, que l’église du père Cromwel connut un regain de fréquentation, puis acquit un renom éclatant : de brillants personnages se déplacèrent pour venir écouter de petit prodige, que son physique tout en contraste fascinait – regard noir, chevelure d’ébène sur peau diaphane. On se le disputa comme un objet précieux sans que le père Alexander voulût jamais s’en défaire, et il fut même contraint, par peur de le perdre, de lui faire acquérir d’autres talents que le chant, hélas éphémère pour un garçon.
Anthony Donovan – exit le Cadaver ou Little skeleton, puisqu’on citait à présent son nom entièrement – recevait des sortes de cachets à chaque représentation chez des particuliers, seule concession que consentit son père spirituel : il distribuait ses gains lors des messes aux miséreux ou à Elizabeth, qu’il gavait de friandises et de petits présents. Ces cachets, de plus en plus élevés, furent fort bien dispensés, puisqu’ils servirent à perfectionner tout ce que sa défunte mère avait commencé à lui enseigner, comme le dessin ou les bonnes manières. De mois en mois, Anthony put apprendre le vernis exquis de l’usage, parfaire son bon coup de crayon, danser avec grâce et apprendre l’italien. En revanche, il fallut rapidement abandonner l’arithmétique et tous les savoirs scientifiques, puisqu’il se montra d’une nullité navrante mais hilarante. Il n’avait de mémoire que pour la musique et l’apprentissage des langues, qui peut parfaitement être considéré comme un art.
Cette formation de petit prince eut tôt fait de le hisser dans une sphère supérieure, et, avec la présomption, l’humeur capricieuse et l’irascibilité de l’adolescence, il se referma sur lui-même, tout en méprisant sa basse extraction, enviant stupidement les puissants et les nantis. Il commença à s’éloigner d’amis lointains, puis, ce qui fut beaucoup plus grave encore, d’Elizabeth et du père Cromwel, avec lequel il débuta une guerre puérile. Ce furent là les premières déchirures d’une crise d’adolescence quelque peu tardive, qui lui fit préférer la haute société qui le produisait comme une plaisante et excitante attraction. Fort heureusement, sa mue vint irrémédiablement sonner le glas de sa jolie petite carrière de chanteur, et il dut faire un douloureux retour sur lui-même : d’agaçant petit vaniteux qu’il était, il redevint humble, mais non sans amertume devant son talent gâché par l’âge adulte amorcé. Ses relations s’apaisèrent avec son cher Cromwel, sans atteindre toutefois cette plénitude d’antan. En revanche, il se trouva tout penaud devant Elizabeth, et résolut de lui faire un sincère mea culpa. Il put faire mieux connaissance de son frère aîné, maintenant qu’il avait mûri, physiquement et mentalement : la bulle qu’ils avaient formé, Anthony et Elizabeth, avait en quelque sorte implosé, et ils purent y introduire ce nouvel arrivant.
Dernière édition par Anthony Donovan le Dim 26 Fév - 15:25, édité 2 fois
Mary E.D Abbot
Entre amour et raison, mon coeur balance
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♣ Vos lettres de Noblesse ♣ Libre pour RP ?: trop de rp pour l'instant, je rouvrirais ma boite quand ils seront classés ^_^ ♣ Relationship: ♣ Inventaire:
Sujet: Re: ~{ Anthony Donovan, l'archet enchanteur Mer 25 Jan - 8:32
Un violoniste ^_^
Bonjour, la princesse de France te salue
Georgiana Leyburn
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Sujet: Re: ~{ Anthony Donovan, l'archet enchanteur Mer 25 Jan - 16:03
NYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA Un Anthony !!!!! Enfinnnnnnnn Moi qui attendais un collègue musicien... Depuis le temps, suis aux anges
Enfin enfin... Bienvenue parmi nous et bonne chance pour ta fiche
Thomas H. Cram
God of Mischief Prince of Lies
♣ Messages : 77 ♣ Livre Sterling : 234 ♣ Date d'inscription : 16/11/2011 ♣ Localisation : Au sommet de sa Tour d'Ivoire ♣ Age du personnage : 27 ans ♣ Profession : Chasseur d'hérétiques
Sujet: Re: ~{ Anthony Donovan, l'archet enchanteur Mer 25 Jan - 21:33
Bienvenue à vous messire Donovan ! Bonne chance pour nous narrer votre belle histoire.
Invité
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Sujet: Re: ~{ Anthony Donovan, l'archet enchanteur Jeu 26 Jan - 18:01
Cous me réjouissez... mais m'effrayez quelque peu aussi ! Tout est en cours, toutefois je n'aurai pas la possibilité d'avancer ce week-end ; mais qu'on me damne si je n'ai rien posté la semaine prochaine !...
Andrew Fane
♣ Messages : 193 ♣ Livre Sterling : 275 ♣ Date d'inscription : 19/11/2011 ♣ Age du personnage : 24 ♣ Profession : Compagnon chirurgien et héritier
Sujet: Re: ~{ Anthony Donovan, l'archet enchanteur Jeu 26 Jan - 21:42
* prend en note la possibilité de maudire Anthony Donovan(avec son assentiment qui plus est) en cas d'oubli de finition de la fiche XD*
Mais non il ne faut pas avoir peur, nous sommes tous des anges
Georgiana Leyburn
♣ Messages : 325 ♣ Livre Sterling : 653 ♣ Date d'inscription : 03/09/2011 ♣ Localisation : Londres ♣ Age du personnage : 28 ans ♣ Profession : Marquise
Sujet: Re: ~{ Anthony Donovan, l'archet enchanteur Ven 27 Jan - 12:52
Prends ton temps Surtout que Georgie aime bien se mettre de jeunes et très beaux hommes dans son lit
Marianne Foster
Une rose est belle ♣ Ses épines piquent
♣ Messages : 673 ♣ Livre Sterling : 1040 ♣ Date d'inscription : 01/07/2011 ♣ Localisation : Landscape Village ♣ Age du personnage : 24 ans ♣ Profession : Bourgeoise toujours prête à aider les plus faibles.