Avec ce qui semblait être un soupçon de ricanement, le baron s'engagea dans une bâtisse d'apparence modeste . Les moins informés se demandaient très certainement ce qui pouvait bien amener ici cet homme si propre sur lui! A dire vrai le bâtiment n'avait rien d'extraordinaire, pas plus que ses habitants, et il y avait fort à parier qu'aucun ne pouvait prétendre fréquenter sur une base régulière un homme de qualité comme celui là.
Pourtant ce n'était pas la première fois qu'on le voyait pousser la lourde porte de bois et gravir l' escalier, ses visites s'étaient cependant espacées depuis quelques temps.

L'espacement de ces visites était justement ce qui provoquait ce ricanement chez Ralph Fenton qui n'ignorait pas que ceux qui étaient au courant de sa petite liaison avec une fille de joie pensaient très certainement qu'il s'était fait rare ici en raison de son prochain mariage! Ce qui l'amusait, c'était qu'on puisse le penser aussi vertueux que cela! Très franchement, sa future épousée n'avait pas l'air de se faire du mouron sur la possibilité que son fiancé la trompe allègrement, alors pourquoi se priver?! Oh.. pour des questions d'argent beaucoup plus que par acquis de conscience! Entretenir une prostituée coutait cher sur le long terme. Mais aujourd'hui, il avait pourtant bien décidé de revenir à la charge avec Jane Johnson! Pourquoi?Telle était la question! Etait ce un simple besoin d'ordre physique, ou y avait il ici plus qu'on ne le pensait?

Arrivé au premier étage, il frappa à une seconde porte et se fit assez rapidement introduire dans la chambre même de Jane par sa servante. Il constata, une fois devant l'objet de son désir du moment, que celle ci était toujours aussi radieuse et ne ménageait pas sa peine pour paraitre toujours plus délectable aux yeux de ses clients. Fenton pouvait également s'apercevoir qu'elle n'avait pas non plus perdu son sens des affaires et se souvenait parfaitement de ce qui lui plaisait , ce qui lui garantirait certainement un petit extra en monnaie. Le cernant parfaitement, elle savait qu'il fallait faire preuve de la plus grande déférence envers lui pour obtenir de lui ce qu'elle souhaitait. Cela était également gage d'une plus grande tendresse au lit, ce qui n'était pas du luxe, considérant le manque de douceur de l'homme en question.

- Votre flatterie tombe pour le coup à l'eau , Jane! Je n'ai pas rencontré une seule âme qui accueille avec plaisir l'idée que je marie avec cette jouvencelle, qui, il faut le dire n'a que quelques printemps de plus que vous .Quant à vos regrets, vous et moi savons parfaitement qu'ils ne seront pas d'ordre affectif. Seulement matériels! Mais après tout ce sont là les termes de notre "contrat", je ne vous en veux donc pas. Je sais que je ne suis pas un homme attachant,il est donc tout naturel que vous pensiez ainsi.

Il se fit clore le bec rapidement pas un verre de vin qu'elle lui tendit. Il n'était pas de la meilleure qualité, mais il s'en accommodait! C'était un rituel d'après ce qu'il avait pu voir! A chacune de leurs "rencontres", elle le servait ainsi et buvait en sa compagnie ,sans doute que cela l'aidait à faire passer l'idée de l'"acte" avec des hommes qui ne l'attiraient pas. Ce n'était pas très flatteur , pensa avec une moue Fenton, mais qu'importe! Que cela lui plaise à elle, ce n'était pas l'essentiel! C'était lui qui payait, et donc naturellement, lui qui récoltait le plaisir, qu'elle éprouve le besoin de boire pour coucher avec lui était un détail! Ils eurent rapidement expédié l'alcool au fond de leurs gosiers, et Jane, ne perdant jamais son temps en futiles paroles, commença par faire une remarque suggestive laissant entendre au baronnet qu'elle comptait commencer de suite leurs galipettes! L'idée ne déplut pas vraiment à Ralph et la vue de ces seins légèrement dénudés , comme pour inciter à la découverte tactile et visuelle, lui arracha un sourire très franc. Il était clair qu'avec ces quelques gestes, elle avait allumé en lui la flamme nécessaire pour lui faire accepter cette alléchante proposition . Affichant l'air du chat qui venait d'attraper la souris, l'arrogant personnage se laissa toucher, et laissa sans difficulté ces lèvres fraiches envahir chaque parcelle de son cou et remonter jusqu'à son visage. Il appréciait, il voulait la laisser continuer et se contenta donc de passer son doigt sur le ravissant collier qui ornait la peau nue de sa partenaire.Il le contempla avec 'un oeil averti, avant de porter sa main dans les cheveux de la "demoiselle" dont il remit machinalement une mèche en place, et ce fut tout. Plus tard il prendrait le dessus et la possèderait, que ce soit sur le sol inconfortable, sur le lit, ou même adossé au mur, mais pour le moment, il préférait rester passif et profiter.Pourtant il faillit venir rompre l'élan de la vendeuse de charmes lorsqu'il déclara, comme hanté par une pensée soudaine:

- Comme il est absurde que vous me connaissiez bien mieux que celle qui est censée bientôt partager ma vie! Comme il est absurde que vous acceptiez de me plaire pour quelque chose d'aussi vulgaire que de l'argent, alors qu'elle semble me fuir malgré tout ce que je suis prêt à lui offrir, bien plus que de l'argent, un titre.. peut être même de l'affection... ne trouvez vous pas vous aussi la vie étrangement faite parfois ?

« Votre flatterie tombe pour le coup à l'eau , Jane! Je n'ai pas rencontré une seule âme qui accueille avec plaisir l'idée que je marie avec cette jouvencelle, qui, il faut le dire n'a que quelques printemps de plus que vous .Quant à vos regrets, vous et moi savons parfaitement qu'ils ne seront pas d'ordre affectif. Seulement matériels! Mais après tout ce sont là les termes de notre "contrat", je ne vous en veux donc pas. Je sais que je ne suis pas un homme attachant, il est donc tout naturel que vous pensiez ainsi. »
« Mon seigneur, si je puis me permettre, j’espère au moins que le père de cette enfant se réjouisse, lui, à l’idée de votre mariage ou sinon cela voudrait dire que c’est bien de son géniteur que votre jouvencelle a hérité de son ingratitude. Quant au fait que vous ne soyez pas attachant, je puis vous assuré que je préfèrerais passer une journée au lit avec vous plutôt qu’avec certains clients. Vous êtes donc bien attachant à votre manière. » Jane savait tourner ces phrases pour s’attirer les gratitudes des seigneurs et il lui arrivait pour cela d’enjoliver la vérité. Mais cette fois, ce qu’elle venait de dire elle le pensait vraiment. Ralph Fenton n’était pas le plus piètre de ses clients, bien au contraire. Il arrivait, même à Jane, de prendre un certain plaisir avec lui.

Contrairement à ce que pensait Ralph Fenton, le vin n’était pas un moyen d’oublier à qui Jane donnait son corps, mais plus une sorte de « cadeau » de la maison. C’était une des choses qui la démarquait des prostituées des rues. Elle avait toujours fait en sorte d’accueillir ses clients du mieux qu’elle pouvait et c’était ce à quoi servait cette boisson. De plus la jeune femme affichait toujours un air radieux et souriant même si elle n’appréciait pas un de ces hommes : sa réputation en dépendait. Ainsi, les hommes trouvaient souvent plus de plaisir à venir chez Jane où ils se savaient bien accueillis plutôt qu’au bordel, où les femmes n’affichaient pas leur plus grand sourire et risquaient, pour certaines d’entre elles, de refiler maladies et infections. Chez Jane, il y avait un gage de qualité, la jeune femme ne se laissait pas posséder par n’importe qui et souvent on l’a vu refuser des clients de bas étage malgré la somme qu’ils proposaient.

Tandis que la jeune femme laissait ses lèvres glisser sur la peau pâle et lisse de Ralph. Le jeune baron effleura son collier, bijou qui était évidemment le présent d’un des nombreux clients de Jane. Puis il dirigea sa main vers ses cheveux et remit une mèche de ses cheveux en place. Ces quelques gestes, étaient une preuve de douceur presque inespérée connaissant le baron et Jane les accueillait avec plaisir, c’était signe que le baron appréciait, en quelque sorte, sa compagnie. Jane posa un rapide baiser sur les lèvres de Ralph avant d’enlever complètement la chemise du baron et de caresser sa peau du bout des doigts. « Comme il est absurde que vous me connaissiez bien mieux que celle qui est censé bientôt partager ma vie! Comme il est absurde que vous acceptiez de me plaire pour quelque chose d'aussi vulgaire que de l'argent, alors qu'elle semble me fuir malgré tout ce que je suis prêt à lui offrir, bien plus que de l'argent, un titre.. peut être même de l'affection... ne trouvez vous pas vous aussi la vie étrangement faite parfois ? » La jeune femme se stoppa et releva son visage vers le baron, il semblait décontenancé voir même un peu en colère. Comme pour le calmer la jeune femme entreprit d’enlever sa robe et la laissa tomber à terre, n’étant plus que vêtue de son corset et de son jupon. Du bout du doigt, elle le fit reculer vers le lit où elle le fit s’asseoir. « Toutes les femmes ne sont pas toutes aussi réalistes que je le suis. L’argent c’est peu pour celui qui le possède, mais cela représente tout pour celui qui en manque cruellement. Votre jouvencelle se mordra les doigts de vous fuir, le jour où elle se retrouvera mariée à un paysan. La vie est ainsi faite »

Discret sourire de sa part. Jane savait toujours ce qu'il convenait de dire! C'était une des choses qui l'émerveillait à chaque fois qu'il la voyait, car après tout, elle était de basse extraction,comment avait elle pu apprendre à manier le verbe d'aussi belle manière?! Certaines personnes faisaient tout cela à l'instinct, peut être en faisait elle partie! En tout cas lui avouer qu'elle n'était pas totalement insensible à sa virilité était un coup de maître de sa part -oh.. c'était peut être un mensonge, mais qu'il était doux à l'oreille!-

-Pensez donc! Cette canaille richissime a quasiment jeté sa fille en pâture aux lions, et sans aucun scrupule! Oui de ce côté là, je suis assuré d'avoir un allié de choix. Vous auriez dû être là et voir la tête de la demoiselle Parr, vous vous seriez gaussée! Une vraie souris prise au piège, pour un peu j'aurais eu pitié de cette enfant.



Enfant.. elle ne l'était guère plus que Jane, elle était même plus âgée. Mais Jane faisait partie de ces êtres qui mûrissait plus vite, aidés en cela par les difficultés de la vie. Ralph ne savait pas si la Johnson avait eu vent de ses méfaits, du viol de cette danseuse, de l'agression de cette livreuse, mais elle ne le lui avait jamais fait sentir. Non. Elle était toujours parfaitement cordiale à son égard, familière, mais sans jamais franchir la ligne, le mettait à l'aise en quelques phrases, le rassurant comme ici sur ses capacités à donner du plaisir.. peut être même avec excès



-Allons Jane, vous entendre vanter mes mérites par rapport à des hommes gras du ventre et grisonnant peut être ne me sied guère. Cessez cela! Vous connaissez mes penchants pour la flatterie, je le vois bien, mais usez en avec modération!



Ses réflexions sur la vie ne parurent pas la gêner, et il en fut soulagé, elle ne lui tiendrait pas rigueur d'avoir parlé, ici, dans cet endroit qui faisait fi de l'institution du mariage, de sa fiancée. Sans aucune remarque, elle continua ce qu'elle avait entreprit, ôtant avec délicatesse la simple chemise qu'il portait ce jour là, -dérogeant à son habitude de se vêtir conformément à son rang, il avait en effet omis de revêtir son pourpoint le matin même et était sorti en bras de chemise comme un quidam-avant de le pousser sur son lit et de se dévêtir à son tour. Ne restait que le corset, dur à détacher et le jupon

Citation :

« Toutes les femmes ne sont pas toutes aussi réalistes que je le suis. L’argent c’est peu pour celui qui le possède, mais cela représente tout pour celui qui en manque cruellement. Votre jouvencelle se mordra les doigts de vous fuir, le jour où elle se retrouvera mariée à un paysan. La vie est ainsi faite »

Sortant de sa torpeur, Fenton se releva d'un coup, s'approcha d'elle, lui tourna autour comme un vautour, avant de s'arrêter dans son dos. Là, avec ses doigts expérimentés, il délaça ce carcan de corset et le jeta sans plus de cérémonie sur le lit. Plaçant ses fines mains d'aristocrates, sur les épaules de velours de la jeune femme, il se pencha vers son cou, respirant à plein nez ce parfum capiteux dont elle usait. Il releva ensuite la tête, posant ses yeux froids sur le collier de Jane, qui attira une fois de plus son attention.



-Vous n'êtes pas si réaliste que ça. Seulement moins romantique qu'elle sans nul doute! Et vous avez connu la misère!Pas elle, ni même moi ne pouvons nous imaginer un monde sans argent, aussi celui ci a t il peu de valeur pour nous . Qui sait! Dans peu de temps, peut être, vous aurez amassé un pécule supérieur à ma fortune, en vraie femme d'affaire que vous êtes. Il n'y a qu'à voir ce que vous obtenez de certains de vos clients pour en être convaincu. A vos yeux je deviendrai rapidement un miséreux.



Il était effarant de voir qu'il en était amusé... effarant de voir qu'il refusait d'accorder de l'importance à l'argent, alors même qu'il vidait les caisses pour pouvoir mener son train de vie et que rapidement celles ci s'épuiseraient. Effarant de voir qu'il avait conscience que l'argent seul lui permettait cela mais continuait à agir comme si l'argent était un excrément puant, quelque chose de bourgeois.

L'éclat brillant des yeux du baron, né d'un moment de plaisir, disparut bien vite et tout à coup d'un ton sans appel, il déclara à Jane



-Ce que vous venez d'insinuer est de toute façon impossible, Jane, car comment pourrait elle s'en mordre les doigts? Il faudrait pour cela qu'elle m'échappe. Et cela, croyez moi, n'arrivera pas, moi vivant! .. tout comme vous n'échapperez pas à mon assaut!



Et avec un sourire machiavélique aux lèvres, il la poussa avec rudesse sur le lit, lui retira avec empressement son jupon et se jeta sur elle avec la souplesse d'un tigre, avant de la faire basculer au dessus de lui, comptant bien dans quelques instants, reprendre de toute façon le dessus et la dominer.

La jeune femme s’occupait de la virilité du seigneur avec quelques mouvements bouches précis et connaisseurs quand Ralph la repoussa. Elle sourit intérieurement, le baron était un peu rapide aujourd’hui. Il se mit au-dessus d’elle et sans rien demander, elle sentit son membre à l’intérieur d’elle. La jeune femme se mordit la lèvre inférieure et posa sa main sur le bas de son dos, tentant de le faire aller plus profondément. « Je pense que vous ne savez surtout pas résister à ma bourse bien pleine, Mademoiselle! Je ne vous ai pas manqué au moins? Peter a dû vous contenter amplement je suppose... Si vous n'étiez pas ce que vous êtes, je pourrais presque croire qu'il veut faire de vous sa compagne dans la vie, tant il passe de temps à vos côtés!C'est honteux! » La jeune femme ouvrit les yeux et le dévisagea : honteux. La jeune femme détestait ce mot, ces yeux prirent d’un coup un air froid tandis qu’elle se remémorait toutes les personnes qui avaient eu, un jour, honte d’elle. Elles étaient nombreuses. Sa mère, ses sœurs et frères, son père aussi sûrement si il la contemplait de là-haut ainsi que quelques amis. Consciente, qu’elle ne devait pas manquer de respect au seigneur, la jeune femme reprit son sourire et répondit sur un ton néanmoins plus froid que ce qu’elle l’aurait voulu. « Je ne vois pas qu’elle honte il y a à vouloir assouvir ses besoin avec une personne qualifiée pour le faire. Votre cher cousin, vient autant pour ma compagnie que pour mes dons. Néanmoins il est vrai que tout deux êtes différents sur bien des points, un seul d’entre vous ne pourrait amplement me satisfaire sans le deuxième donc si, mon cher baron, vous m’avez manqué. » La fin de sa phrase avait repris le ton de la flatterie, consciente qu’elle aurait pu m’être en colère le baron. La jeune femme n’aimait décidément pas qu’on lui manque de respect mais elle ne pouvait répondre comme elle en avait envie : sa réputation, sa fortune en dépendait.

Le baron n’était habituellement pas un grand parleur, la jeune femme se demandait bien ce qui pouvait le turlupiner à ce point pour qu’il ose discuter ainsi. Jane était plutôt habituée au silence durant ses rendez-vous mais il était vrai que certains hommes aimaient pouvoir discuter de choses et d’autres sachant pertinemment que ce qui se racontait dans la chambre relevait presque du secret professionnel. Dans tous les cas, Jane ne se permettrait jamais de trahir ses clients et de révéler quoi que ce soit, même sur la rose noir si elle apprenait un jour quelque chose.
« Dites moi Jane! Vous n'avez jamais entendu personne proférer des rumeurs diffamatoires à mon encontre? » « Mon cher baron, vous savez pertinemment que je ne prête pas grand attention à ses infamies néanmoins dans les rues de Londres il semblerait qu’on m’ai parlé d’un viol et d’une agression. »
Bien qu’elle avait entendu ces informations, Jane se fichait éperdumment de cela ça ne changeait rien à ce qu’elle pensait du baron. La jeune femme tenta de faire basculer l’homme afin de revenir sur le dessus mais il l’emprisonnait dans ses bras.

Très vite, pris dans son discours, il se laissa chevaucher par Jane Johnson. Après tout, elle savait y faire comme personne d'autre, alors pourquoi ne pas la laisser prendre les choses en main et en profiter un maximum. Le "travail" partagé lui convenait tout à fait.. Ses pensées dérivèrent rapidement, et l'animal remplaça bientôt l'homme, il n'y avait plus aucune réflexion, rien que des sensations, des gestes, du physique. Toute étincelle intellectuelle s'était évanouie, il n'y avait plus là de baron ou de prostituée, juste un homme et une femme accouplés, deux êtres dans une position bien naturelle et millénaire.

Les minutes passèrent et ils se retrouvèrent chacun d'un côté du lit, épuisés et satisfaits. Elle, s'était redressée et assise sur le bord du lit, tandis que lui était resté couché, les yeux grand ouverts, deux de ses mains soutenant sa tête dans une attitude désinvolte.

Citation :

-Pourquoi vous acharnez à vouloir une jeune jouvencelle pour vous marier alors qu’une autre femme pourrait vous contentez bien mieux ?

A cette question, il se releva et remit ses bas et sa chemise avant de remonter sur le lit afin de se positionner derrière elle de façon à pouvoir l'étreindre de ses deux bras si pâles, en profitant, ce faisant, pour tâter ses seins. Les lèvres toutes proches des oreilles de la demoiselle, il lui souffla:



-Vous êtes bien curieuse, Jane Johnson. Mais qu'à cela ne tienne! Je vais vous répondre très franchement. Je n'éprouve rien pour elle mais elle est belle. Elle ne veut pas de moi, mais je la veux. Je la veux parce parce qu'elle est jeune, jolie, d'une intelligence normale et surtout parce que j'en ai décidé ainsi lorsque je l'ai vu la première fois. En un coup d'oeil, à 20 ans ,j'ai décidé que cette gamine qui promettait d'être jolie serait à moi. Cruel et égoïste, n'est ce pas? Stupide et infantile aussi. Mais vous voyez, je tiens même les promesses que je me suis faite. Et personne d'autre n'aura le plaisir de s'afficher avec son tendre minois, si ce n'est moi!Une femme de mon âge et de mon rang? Mais mon Dieu, elles sont le plus souvent déjà toutes mariées ou bien je ne peux les supporter.


Pas plus qu'elles ne pouvaient le supporter. On aimait son physique avenant, son aisance à l'oral, ses petites piques insolentes, mais mieux valait le fréquenter de loin ou passer une seule fois dans son lit pour n'y plus jamais revenir. Les caprices incessants du personnage étaient connus.
Il était lucide sur ses propres bêtises, sur son caractère mais ne cherchait pas à changer. C'était trop lui demander, et puis de toute manière, on devait se plier à lui et pas l'inverse. Il fallait accommoder la noblesse. Elle, de son côté, se gardait alors d'agiter sa main malveillante sur les pauvres hères qui n'avaient aucun de leurs privilèges. Donnant-donnant.

De ses mains plutôt rèches,il joua avec les cheveux soyeux de cette fille de Vénus quelques instants, avant de rejeter son poids en arrière, s'étendant sur le lit, les bras en croix.

-De l'acharnement... comme le mot est bien choisi . Dites ça aux jeunes filles qui peuplent les ragots à mon sujet! Elles vous répondront que folie et perversion correspondent bien mieux au triste sire qui les a molestées.Lui qui n'avait qu'à se tourner vers vous pour satisfaire ses désirs bestiaux avec brillo!



Et à ces paroles, il éclata de rire, un rire qu'il peina à arrêter. Amusement mal placé ou bien démence. Il y avait de quoi se poser la question. Aucune confession dans ces paroles, non, tout cela aurait pu être un simple fait énoncé platement...