« Chapitre I ♣ Songes d'une sombre journée. »

Perdue. Antanasia ne savait plus où en était sa vie, depuis qu'elle avait retrouvé sa sœur, mais surtout depuis les révélations à propos de son mari. Après les retrouvailles avec Svanhilde, elle s'était enfermée dans sa chambre pour réfléchir à la manière dont elle devait s'y prendre. La Duchesse avait conclu qu'elle devait fuir son mari. Elle lui avait alors annoncé son départ pour Devonshire's House, elle aurait aimé en rester là, mais William voulait en savoir plus. Son cœur brisé par la trahison a laissé les mots s'écouler et toute la colère qu'elle avait envers son mari lui a été craché à la figure. Antanasia, à ce moment-là, était loin de la femme douce que tous côtoyaient. Elle s'était montrée colérique, pleine de ressentiment et de haine. Svanhilde était sa sœur et elle n'arrivait pas à comprendre les raisons de son mari pour avoir éloignait les deux jumelles l'une de l'autre. Après la discussion, la jeune femme avait demandé à ce qu'on lui prépare la voiture, les affaires de sa fille et d'elle-même était prête, elle avait fuit, pour s'éloigner de cet homme qui l'avait trahis, mais qu'elle aimait encore.
Triste. Ce mot n'était qu'un euphémisme. Antanasia se sentait aussi lasse que le jour où elle avait perdu son enfant. Perdre William était la chose, qu'elle n'aurait jamais cru, puisqu'elle le savait, Antanasia ne pourrait plus jamais lui faire confiance, elle aurait trop peur d'être la victime de nouvelles manigances. La jeune femme était bien heureuse qu'il ait respecté son souhait de partir, mais elle s'en doutait, bientôt il serait lui-même de retour à Devonshire's House et là, elle ne savait pas comment elle allait réagir face à lui.
Les jardins du domaine avait une allure bien pâle depuis qu'elle connaissait toute la vérité. Nous étions en juin et même si le temps était magnifique et que les fleurs parsemaient l'air d'une agréable odeur, tout lui paraissait fade et même la bonne humeur de sa fille ne l'aidait pas à se remettre de sa peine de cœur.
Assise seule sur l'un des bancs de pierre du parc, Antanasia réfléchissait encore et encore à la meilleure solution. Le fait que William ait voulu éloigner Svanhilde de leur vie de famille, prouvait qu'il ne voulait pas la voir auprès de sa femme. Anya ne pourrait donc pas concilier son mari et sa sœur. Elle se doutait bien, que sa jumelle ne voudrait jamais vivre auprès de l'homme qui lui a brisé sa vie. La brune n'arrivait pas à croire, ni à voir les conditions dans lesquelles sa sœur avait vécu. Sa robe en haillon l'avait choqué et le plus impensable avait été de savoir que sa sœur devait travailler pour survivre et qu'elle avait vécu dans les bas fonds de Londres. Elle qui était si fière et qui aurait pu avoir une vie parfaite, elle avait tout perdu à cause de William et aussi de sa sœur. Antanasia s'en voulait tellement et pour se faire pardonner, elle lui avait prêté un peu d'argent et surtout, elle lui avait proposé de venir vivre avec elle à Devonshire's House.

Cependant, en quittant Londres, Antanasia avait eu la joie d'avoir une compagne de voyage, l'une de ses plus fidèles amie Mary Abbot. Cette dernière avait su lui remonter au mieux le moral, mais elle était tout aussi perdue que la Duchesse de Devonshire. Ensemble, elles avaient l'impression de se comprendre et elles surmontaient les épreuves avec l'aide de l'autre.
Seule, Anya n'arrivait pas à se faire à l'idée que toute sa vie s'était effritée en quelques secondes et la jeune femme en était sûre, si Agnès n'était pas à ses côtés, elle se serait perdue et personne n'aurait pu l'aider à retrouver sa joie de vivre. La présence et l'amour que son mari lui procurait, lui manquait, mais la brune ne pouvait pas pardonner, elle n'était même pas sûr de le pouvoir un jour.
Une légère brise frappa son visage, lui donnant une agréable sensation de plénitude. Une larme s'écoula le long de ses joues, puis suivît d'une autre. C'est à ce moment-là que Mary arriva et s'installa à ses côtés.

« Pardonnes moi Mary, mais j'ai de plus en plus de mal à me faire à l'idée que mon époux m'a trahis ainsi. »

Cadre paisible du domaine, mais cadre pas du tout apaisant pour la personne perdue qu'étais Antanasia de Devonshire, chaque recoin de ce lieu était une source de souvenir, qu'elle avait peur de redécouvrir. Sa vie avec William imprégnait ce lieu, tout comme l'amour y était très présent. Maintenant, elle en était sûre, le domaine familial était une source de bonheur, contrairement à Londres, qui était pour elle une source de problème. Il y avait eu d'abord la tentative d'assassinat au mariage du roi, puis l'incendie. Ces deux faits commandités par la sinistre Rose Noire et là, Londres en est arrivée à lui briser son unique attache, sa vie familiale.
En ce jour de juin, Antanasia, Duchesse de Devonshire en était sûre, sa vie ne serait plus jamais la même, elle avait connu par le passé le meilleur et aujourd'hui, elle connaissait le pire.

« Chapitre II ♣ D'incertitudes en incertitudes. »

Mary, Antanasia était si contente de l'avoir à ses côtés, elles qui étaient amies depuis la France. Les deux jeunes femmes se protégeaient mutuellement et là encore, elles s'entraidaient dans la peine. Assises toutes deux sur le banc, les deux jeunes femmes profitaient du soleil, mais toutes deux ne se sentaient pas le cœur à s'amuser. La Duchesse se demanda où pouvait se trouver sa fille à cette heure. Probablement en compagnie de Madame Benson et de son fils. La détresse de la jeune femme lui brisait le cœur, puisqu'elle ne se sentait plus capable d'être une mère parfaite pour sa fille. Bien sûr, elle était toujours présente, mais sa joie de vivre était inexistante. Cependant, Agnès était son seul baume au cœur dans ces moments difficiles, elle ne se tenait pas à l'écart de son petit ange, après tout, cela la briserait bien plus que cela. Agnès avait toujours tendance à calquer ses sentiments sur ceux de sa mère. Antanasia avait appris que son enfant avait connu la même détresse que sa mère, quand elle avait perdu son fils. Pour rien au monde, elle ne voudrait que sa chère petite soit de nouveau perdue. Déjà, elle posait beaucoup de questions à propos de son père et la Duchesse avait beaucoup de mal à contourner les faits.
Après que la belle germanique eut parlé, son amie prit elle aussi, la parole pour lui dire que ce n'était pas grave si elle n'était ainsi et elle avoua aussi, qu'elle ne le comprenait pas les agissements de William.
Antanasia avait elle aussi beaucoup de mal à se positionner dans cette histoire, elle avait essayé de comprendre son mari, la seule chose qui revenait dans ses suppositions, c'était la jalousie du Duc de Devonshire. William était jaloux et pendant très longtemps, il avait éloigné les hommes de sa personne. Encore, les hommes, la jeune femme pouvait le comprendre, mais pour sa sœur... Anya avait pendant longtemps pleuré l'absence de cette jumelle qu'elle chérissait tant et voilà qu'elle la revoyait pauvresse, dans les rues populaires du beau Londres.

« Je ne sais pas Mary, William a toujours été protecteur envers moi et a toujours voulu avoir l'exclusivité. Tu as bien vu son comportement envers les hommes qui m'approchaient. Peut-être a -t-il vu en Svanhilde une menace... C'est la seule possibilité que j'ai pour le moment. »

Antanasia termina sa phrase d'une voix faible et brisée, elle aimait tellement William, mais savoir qu'il avait commis une telle horreur, qu'il avait brisé la vie de sa sœur, elle ne pouvait l'admettre. Svanhilde était tout pour elle, la moitié de son âme, comment avait-il pu ? Mary posa sa main sur les siennes, dans un geste qui se voulait consolateur. Elle proposa alors une conversation entre les trois protagonistes. Une conversation entre elle, William et Svan ? Cela pouvait-il seulement être possible ? Après tout ce que William avait fait à Svanhilde, Anya avait beaucoup de mal à imaginer une rencontre entre les deux personnes qu'elle chérissait tant. Svanhilde avait beaucoup de rancœurs envers son mari et rien ne pourrait lui faire changer d'avis à propos de lui.
Alors qu'elle imaginait une potentielle rencontre, Mary reprit la parole pour couvrir le silence. Cette dernier lui avoua ne pas comprendre pourquoi Anya l'avait invité ici, à Devonshire's House. Antanasia sourît alors, chose qu'elle n'avait pas faite depuis plusieurs jours et elle se tourna vers son amie.

« Mary, tu ne me déranges pas du tout, je suis même heureuse que tu sois avec moi, je ne sais pas où j'en serais sans ta présence. La jeune femme marqua une pause avant de reprendre. Je dois être une hôtesse pitoyable, n'est ce pas ? »

La Duchesse de Devonshire avait pris le ton de l'humour, pour ne pas montrer à chaque moment sa peine. Après tout, il allait falloir qu'elle se relève pour ne pas sombrer et surtout pour le bien être de sa chère Agnès.

« Chapitre III ♣ Brisons nos chaînes. »

Assise dans les jardins de Devonshire's House, Antanasia se disait qu'elle avait beaucoup de chance d'avoir Mary à ses côtés. La jeune femme se comportait avec elle comme une amie et même plus, comme une sœur. Mary se comportait comme Svanhilde l'aurait fait à son égard et pour son attention, Antanasia le savait, jamais elle ne pourrait la remercier assez. A ce moment-là, Anya se remémora les retrouvailles avec sa sœur. Des retrouvailles intenses en émotions et en vérités, mais de belles retrouvailles, que la jeune femme ne risquerait pas d'oublier, tellement que sa sœur lui avait manqué. Svanhilde, la Duchesse l'avait quitté il y a peut, mais elle n'attendait qu'une chose, pouvoir revoir sa sœur et la garder à ses côtés. Svanhilde et elle avait tellement de temps à rattraper, que la belle aurait aimé rester à ses côtés à Londres, mais la présence de William, aurait rendu cela impossible. Ce nouvel éloignement, Anya en avait peur, elle craignait qu'un nouveau malheur ne s'abatte sur ses épaules et qu'un matin on lui annonce la mort de sa sœur. Londres était dangereuse en ce moment et au vu du lieu de vie de sa sœur, la brune avait peur pour la vie de cette dernière.
Antanasia le savait, elle se devait de convaincre Svanhilde à venir vivre ici, à Devonshire's House, tant pis pour William, après tout, cette histoire était de sa faute. Si Svanhilde n'avait pas perdu trois longues années de sa vie, elle aurait pu être marié et Anya aurait toujours confiance en son mari. L'imaginaire devait être révolu et la Duchesse de Devonshire savait qu'elle devait arrêter de penser à une vie qu'elle aurait pu avoir. Elle se devait de vivre dans le présent et ne pas oublier le passé. Nier que William avait brisé la vie de sa sœur serait une erreur, Antanasia se devait de lui rappeler et surtout de lui montrer qu'elle n'était pas une faible femme et qu'elle pouvait aussi penser à elle même. Comme une jeune femme lui avait conseillé, elle devait s'affirmer et ne pas suivre son temps.
Par moment, il était difficile d'être une femme soumise à son mari, mais Anya avait été éduqué ainsi, elle avait pendant longtemps appris que la femme devait se tenir derrière l'homme et lui obéir à toute épreuve. Aujourd'hui, la brune se posait de nombreuses questions à propos de l'éducation qu'elle avait reçu. Peut-être qu'une femme pouvait s'affirmer ? Antanasia se rappelait d'une histoire qui lui avait été conté à la cour de France. Cette histoire était à propos de Jeanne d'Arc, ou encore de la pucelle d'Orléans, comme les français la surnommaient à l'époque. Cette femme avait pris les armes à la demande de Dieu et avait conduit les français à la victoire. Même si Jeanne était morte sous le buché anglais, elle prouvait bien qu'une femme pouvait s'affirmer. Cependant, la France n'était pas l'Angleterre et Antanasia l'avait bien remarqué, le roi en était même le parfait exemple. Sa première épouse, il avait divorcé d'elle et la deuxième était morte sur un peloton d'exécution. Henry VIII n'était pas un exemple d'homme qui laissait de la place aux femmes pour s'affirmer et les hommes de son peuple semblait suivre son exemple. La Duchesse de Devonshire n'avait donc d'autres choix que de se taire. Pourtant un désir d'affirmation l'animée, tout comme la peur. Anya doutait et elle ne savait plus que faire pour son avenir.

Mary Abbot ajouta une touche d'humour à la conversation, ce qui fît sourire la douce Antanasia. En effet, les deux jeunes femmes faisaient un drôle de duo de dépressives. Même si les raisons étaient différentes, toutes deux étaient mal dans leur vie et cela devait changer. Mary en avait marre de la présence continuelle du roi d'Angleterre dans sa vie et Anya ne pouvait plus supporter sa prison dorée. Deux femmes prisonnières qui tentaient de briser leurs chaînes, voilà ce qu'elles étaient.

« Mary, même si nos vies sont différentes, nos destins se croisent. Tu souffres à cause du roi, moi à cause de mon mari. Je ne peux peut-être pas m'éloigner continuellement de William, mais toi tu peux te séparer du roi. Cet homme ne t'apportera que du mal, surtout quand il choisira d'entrer de nouveau en conflit avec ton frère. Peut-être serait-il temps de briser les chaînes ? Notre roi ne remarquera probablement rien, il est si occupé à propos de cette Rose Noire. »

Le ton de la belle Antanasia était calme, mais on pouvait y percevoir une touche d'espoir. La jeune femme savait que sa vie resterait la même et que son destin serait lié à jamais à celui de William. Mais Mary n'avait pas de mari et elle pouvait donc facilement fuir la présence constante du roi d'Angleterre. La belle germanique soupira, son amie avait bien de la chance de pouvoir vivre sa propre vie, même si pour cela Antanasia allait devoir l'aider, elle savait que Mary finirait par se détacher du roi Henry. Contrairement à elle, qui était liée corps et âme à William, Duc de Devonshire, son époux, celui qu'elle aime et aimera malgré tout.

« Chapitre IV ♣ Un Avenir incertain. »

Antanasia savait que le parcours de Mary était difficile, on ne devenait pas princesse royale du jour au lendemain, surtout quand on est née bâtarde. Bon nombre d'enfants bâtards souffraient de leur statut. Mary avait donc eu beaucoup de chance d'être sous le protection du roi François Ier. Maintenant la voilà, ici en Angleterre, sous la protection du roi Henry. Par moment, Anya se disait que le roi français avait fait une erreur en envoyant sa sœur dans ce pays, surtout que les relations entre les deux pays n'étaient pas toujours au beau fixe. La situation de Mary l'inquiétait, en effet, si un jour les deux rois entraient en conflit, il se pourrait que la jeune femme soit en danger et face à une telle situation, Antanasia ne saurait comment agir. La jeune femme aurait trop peur de mettre en danger sa famille. Il semblerait que Mary ait les mêmes pensées que la Duchesse de Devonshire puisque la française lui demanda d'un air apeuré, si le roi Henry pouvait la tuer. Antanasia tenta alors de rassurer son amie, avec un doux sourire sur les lèvres, elle lui répondit.

« Ne t'inquiètes pas Mary, le roi n'osera pas s'attaquer à toi, sinon il risquerait de déclencher une guerre et avec cette Rose Noire, ça ne serait vraiment pas bon pour le pays. »

Être la femme de William avait beaucoup aidé la jeune femme dans la politique intérieure et extérieure du pays. Au soir, il arrivait souvent qu'elle écoutait son mari parler de stratégies ou encore du gouvernement de l'Angleterre. Son époux avait une bonne expérience et Anya avait su en profiter à l'écoutant.
Dans tous les cas, Antanasia préférait se conforter dans l'idée que son roi ne pouvait pas faire de mal à Mary, cependant, elle avait toujours une petite crainte, surtout depuis la mort de la reine Anne. Si il avait été capable de faire assassiner sa reine, que serait-il donc encore capable de faire ?
La Duchesse enserra la main de son amie dans la sienne, pour mieux la rassurer. Les deux jeunes femmes se devaient d'être forte face aux épreuves et pour l'amitié de Mary, Antanasia serait capable de faire beaucoup de choses.
Une bonne nouvelle arriva alors, Mary allait bientôt être la propriétaire d'un domaine, cette nouvelle réjouissait beaucoup la jeune Duchesse, puisqu'elle le savait son amie allait enfin pouvoir être plus indépendante. Par contre, la jeune femme s'étonna d'apprendre que Mary souhaitait prendre Svanhilde en tant que dame de compagnie. Même si cela était une bonne chose, elle ne voyait pas sa sœur entrer à nouveau au service de quelqu'un, surtout que Antanasia avait trouvé un nouveau moyen pour rendre de nouveau heureuse sa sœur. En effet, la jeune Duchesse avait rencontré à Londres, Joseph de Weissman, l'homme que Svan avait aimé et qu'elle devait toujours aimer à ce jour.

« C'est une grande nouvelle, par contre, je pense pas que Svanhilde va accepter ta généreuse proposition, surtout que j'ai retrouvé l'ambassadeur Joseph de Weissman, tu te souviens il lui faisait toujours une cour assidue, quand nous étions en France. Comme il n'est pas marié, j'ai bien l'intention de donner un coup de pouce au destin, pour qu'ils se retrouvent tous les deux. En tout cas, tu pourras compter sur Agnès et moi, pour visiter ta nouvelle demeure. »

Antanasia ne savait pas comment sa sœur réagirait face à ces retrouvailles, mais elle voulait la rendre heureuse et si ce Joseph avait pu lui donner du bonheur en France, il pourrait très bien lui redonner ici, après tout ce temps.

« Chapitre V Les choses de la vie. »

La vie n'était pas simple et à chaque nouvelles difficultés il fallait rebondir. Antanasia avait subit la perte de sa sœur, puis celle d'un enfant. Aujourd'hui, elle retrouvait sa sœur, mais le coup dur venait de la trahison de son mari. Perdue, elle avait lâchement fuit la joyeuse Londres, pour le calme de sa demeure. A la campagne, elle se sentait plus vivante, elle arrivait plus à éclaircir ses sombres idées et surtout, elle savait qu'elle se trouvait à une distance respectable de William. Au fond d'elle-même, elle voulait le revoir, mais voilà, la colère était trop forte, tout comme trois années de vie gâchées par l’orgueil d'un homme. Sa sœur avait subit, maintenant William devait comprendre que Anya n'avait plus confiance en lui et surtout qu'elle ne serait plus là pour être une femme soumise à ses ordres. Son statut de femme n'allait pas l'aider, après tout qu'elle femme pouvait se vanter de tenir l'autorité face à son mari ? Mais elle le savait, elle pouvait y arriver. Après tout William était fou d'elle, elle était sa faiblesse et elle pourrait jouer de cela.
Malgré la peine, sa bonne amie Mary était là, la jeune femme souffrait autant qu'elle, surtout à cause de sa majesté Henry VIII. Mary avait peur pour son avenir, qui était pour le moins inquiétant au vu de son statut de sœur de François Ier.

« Jamais le roi te capturerait, en ce moment, ses relations avec François sont cordiales. Mais si un jour les choses s’enveniment, je t'aiderais à fuir le pays. Tu n'as rien à voir avec la politique de ton frère, pourquoi payerais-tu pour lui ? »

Cela était vrai, Mary n'était pas la sœur légitime de François et même si ce dernier était attaché à elle, elle n'avait pas à pâtir de ses relations avec Henry le huitième. Anya le savait si les extrêmes arrivaient, elle se devrait d'aider Mary, par contre cela pourrait avoir de graves conséquences pour sa fille et son mari. Peut-être pourrait-elle fuir par la suite avec sa famille ? Vivre au Nouveau Monde comme son mari l'a fait il y a maintenant de nombreuses années.
Mary se demanda alors si le roi pouvait répudier la reine Jeanne, comme il l'avait fait avec Catherine d'Aragon. En y réfléchissant, Anya ne pensait pas cela possible. Après tout, le roi était fort épris de Jeanne, peut-être même plus qu'il ne l'a été de Anne Boleyn.

« Je ne pense pas Mary, le roi est très épris de sa femme. De plus, il vient tout juste de l'épouser et il y a de grandes chances pour qu'elle lui offre une descendance. »

Antanasia était toujours amère d'évoquer la reine Jeanne. L'image de Anne Boleyn emprisonnée et exécutée lui fendait toujours le cœur.
Dans cette affaire, Anya avait toujours pensé au complot. Anne aimait le roi et elle ne rêvait que d'une chose lui offrir un fils, mais le roi n'a jamais été assez patient et des colporteurs avaient brisés l'image de la reine, l'emmenant au final sur le peloton d’exécution. Par chance la petite Elizabeth était toujours de ce monde et l'enfant pourrait perpétrer un jour l'image de sa mère et qui sait, si Jeanne n'offrait pas d'enfants au roi. Elizabeth pourrait peut-être un jour monter sur le trône.
Mary se trouva très étonné face aux révélation d'Antanasia, surtout à propos de Joseph de Weissman, Anya se mît alors à réfléchir, peut-être qu'avec Mary, elle pourrait réunir les deux anciens amoureux.

« J'espère juste que Svanhilde et Joseph puisse revenir à leur relation passé. En trois ans, il y a pu se passer beaucoup de chose et Joseph a très bien pu se marier avec une autre femme. Il faudra que je me renseigne un peu plus sur lui, avant de lui envoyer ma sœur. Je n'ai pas envie que Svan soit brisé à nouveau. »

Avec beaucoup de sollicitude, Mary lui proposa qu'elle vint la voir, si avec William les choses s'envenimaient. Cette proposition, Antanasia ne pouvait la refuser, surtout que Mary était une personne très à l'écoute et pour qui elle était très attachée. Soudain, Anya lui proposa quelques choses d'étonnant.

« Mary, si jamais il se passait quelque chose de grave pour moi, accepterais-tu d'être la marraine d'Agnès, de la protéger. Avant c'était notre reine Anne, j'ai donc pensé à toi pour ce rôle. Mais bien sûr tu n'es pas obligé de l'accepter, c'est une charge très importante. »

Spoiler:

Il y a une chose plus triste à perdre que la vie, c'est la raison de vivre. Plus triste que de perdre ses biens, c'est de perdre son espérance

Spoiler:

« Chapitre VI ♣ Comment découvrir un peu plus une amie. »

Un univers pouvait basculer en quelques secondes, cela impliquait un changement de vie, tout comme une renaissance. Il y a seulement trois ans, elle n'était que Antanasia Pretorian, fille d'un comte germanique, une jeune femme modèle qu'on admirait par sa vertu. Elle était douce et personne dans sa famille et à la cour de France aurait pu se douter qu'un jour cette jeune femme de raison fuirait sa vie par amour. Elle avait aimé au premier regard et cet unique regard avait changé sa vie. Par amour, elle avait quitté la France où elle était sous la protection de la reine avec sa sœur jumelle, Svanhilde. Par amour, elle s'était abandonnée à la passion, elle avait abandonné sa sœur, se déshonorant ainsi et gardant les douloureux souvenirs de sa vie passée. Pour elle, les promenades dans les magnifiques plaines allemandes étaient terminées, elle avait aussi dit adieu aux montagnes qu'on pouvait apercevoir de son domaine, offrant aussi chaque jour une vue plus que majestueuse. Quand elle se rappelait tous ces bons souvenirs, Antanasia venait à regretter ses choix, sa vie passée était si simple et parfois bien plus belle que celle qu'elle vivait en ce moment. Mais à quoi bon regretter, personne ne pouvait remonter le passé et comment regretter la naissance de sa chère petite Agnès. Cette enfant était un bonheur quotidien, un enfant de l'amour, une petite fille qui était un véritable rayon de soleil. Même si elle voudrait tout changer, pour rien au monde la Duchesse de Devonshire souhaiterait ne pas connaître le bonheur d'avoir Agnès dans sa vie. A ce jour, la belle germanique ne vivait que pour sa fille, cet enfant qui la sortait de ses peines au moindre sourire. Alors le regret n'était donc pas de mise.
En ce moment même, Anya rêverait de se trouver loin de l'Angleterre. Ce pays était une source de malheur. La Rose Noire lui avait volé bon nombre de ses connaissances, comme son précieux ami Stephen Buckett. Cet homme dont l'âme était pure et grande avait perdu la vie au cour de l'incendie de Londres, laissant ainsi seul son fils, dont on n'avait plus de nouvelle depuis l'enterrement du père. La Duchesse avait longuement pleuré la mort de cet ami, qui lui avait remonté de nombreuses le moral avec ses mots justes et la critique qu'il pouvait faire de la société.
Il y a peu, Antanasia avait perdu une autre précieuse amie, la reine Anne Boleyn, cette souveraine, la jeune femme l'avait aimé d'une profonde amitié et elle l'avait respecté. Sa mort si injuste l'avait profondément blessé, d'autant plus qu'à ce moment-là, la brune venait de perdre son bébé, celui qu'elle attendait depuis la naissance de sa chère Agnès.
Ces derniers mois avaient été une vraie série de déception, la dernière en date était la trahison de son mari, une trahison qu'elle ne pouvait oublier, ni pardonner. Anya avait eu beaucoup trop de peine en découvrant que sa sœur avait vécu pendant presque trois ans dans la misère, brisant ainsi sa propre vie, par la faute d'un mari jaloux. Son cœur se consumait alors dans la douleur, la conduisant dans l'amertume et les souvenirs du passé. La voilà donc à penser à quitter le pays pour quelques temps, protégeant ainsi son unique enfant de ce monde. Elle souhaitait retrouver une vie saine dans le Saint Empire romain germanique et surtout montrer à sa famille, qu'elle avait réussi sa vie, malgré les soudaines difficultés qui étaient apparues dans sa vie. Elle savait qu'elle pourrait convaincre sa famille, après tout elle avait épousé un très riche duc anglais, jamais les Pretorian n'auraient pu imaginer mieux pour Antanasia, surtout avec sa nature frêle qui était propice aux maladies.

Pendant son séjour en France, Mary avait été une amie fidèle et très chère pour elle, une amie en qui elle pouvait faire confiance, une des rares personnes qui étaient toujours à ses côtés aujourd'hui. Mary était la sœur du roi, sa demi-sœur techniquement, mais le roi de France l'aimait comme n'importe quel frère pouvait aimer sa sœur. Mary était là encore et toujours, elle était apparue dans sa vie anglaise à son plus grand étonnement, et depuis les deux étrangères ne se quittaient plus, si elles ne se voyaient pas, elles correspondaient régulièrement. Toutes deux avaient connus Anne Boleyn, cette reine remarquable, au fort caractère qui avait été déchu le matin du 19 mai 1536.

« Ce n'est que plus tard qu'ils payeront leurs crimes, après tout Jeanne Seymour doit toujours donner un fils au roi, si elle ne le fait pas, je pense que le roi Henry souhaitera s'en débarrasser. Le mieux serait qu'un jour, la petite Elizabeth devient la reine de ce pays, justice serait rendue à Anne, qui aimait tellement son enfant, bien plus que sa propre vie. »

Voilà une chose qui serait bien juste, Antanasia se demandait tout de même ce que pouvait devenir la petite Elizabeth, surtout depuis qu'elle était devenue comme la princesse Mary, une simple bâtarde. Le roi devait être vraiment aveugle pour ne pas voir que cette enfant n'était pas de lui. Elizabeth avait tout de son père, en tout cas physiquement. La duchesse espérait juste que l'enfant soit bien traité par ses servants.
La conversation entre les deux jeunes femmes passa à des sujets bien plus joyeux. Tout d'abord, elles évoquèrent Svanhilde et son amour de jeunesse, toutes deux allaient pouvoir aider la blonde à retrouver le bonheur. Puis Mary accepta la proposition d'Antanasia de devenir la marraine d'Agnès. La duchesse était rassurée, sa fille connaîtrait une présence féminine, s'il lui arrivait quelques choses. Après tout, la vie était si incertaine. Un malheur pouvait arriver à n'importe quel moment. Par la suite, Mary lui annonça des choses pour le moins étonnante. La jeune française était amoureuse, cette nouvelle fut joyeuse pour la germanique, mais elle se doutait bien que si Mary était amoureuse, cela ne plairait sûrement pas au roi François Ier, qui a peut-être déjà choisit un parti pour sa chère sœur.

« Mary je suis si contente pour toi, quel est le nom de cette personne ? Est ce que je la connais ? » dit la jeune femme sur un ton plus que enjouée.

Cependant la suite laissa perplexe la duchesse de Devonshire, en effet Mary venait de lui avouer qu'en quittant sa mère, elle avait laissé une petite fille. Est-ce que la jeune femme avait-elle eut un enfant ? Pour ne pas rester dans la doute, la jeune femme préféra questionner son amie, à propos de cette mystérieuse enfant.

« Une petite fille ? Tu m'en avais jamais parlé Mary. Qui est-elle ? » demanda Antanasia.

J'ai trouvé plus de joie dans la tristesse que vous pourriez en trouver dans la joie.

Spoiler:

« Chapitre VII ♣ Une bien terrible nouvelle. »

Mary évoqua un point sûre, la reine Jeanne n'avait toujours pas eut son couronnement, contrairement à Anne Boleyn qui dès le divorce du roi avec Catherine d'Aragon était devenue reine d'Angleterre. Cependant Antanasia doutait des paroles de son ami. Si un fils venait à naître de cette union, Henry VIII ferait tout pour le légitimer et le fait que Jeanne ne soit pas reine ne le retiendrait pas. Surtout que le roi avait déjà eu un bâtard par le passé, sauf que celui ne pouvait prétendre au trône, puisque sa mère Elizabeth Blount n'avait jamais été marié avec le roi.
Mary parla aussi de la légitimité passé de la princesse Elisabeth, sauf que oui, elle était devenue bâtarde à la mort de sa mère et au vu du scandale que cela avait provoqué. La duchesse de Devonshire doutait énormément du fait que le roi légitima à nouveau sa seconde fille. Elisabeth devait sûrement lui rappeler le souvenir de ces fautes. La princesse française parla aussi de la petite princesse, cela avait du être horrible pour l'enfant de trois ans de perdre sa mère et d'être ainsi traité. Des rumeurs disaient même qu'elle n'avait plus de quoi se vêtir, surtout que l'enfant avait du payer l'exécution de sa génitrice.

« Mary, je suis sûre que tout ce passera bien pour la princesse Elisabeth, elle a hérité de la force de sa mère et contrairement à ce que tous peuvent dire, elle a le caractère de son père. Par contre je doute que si un futur hériter vint à naître que le roi n'en fasse pas de suite son successeur. Le statut de la mère n'y changera rien, puisqu'il est le chef de l’Église d'Angleterre et personne refusera la venue d'un fils sur le trône, qui ne sera pas catholique, ce qui n'est pas le cas de la princesse Mary. »

La princesse française venait d'avouer à son amie qu'elle était amoureuse, Antanasia curieuse voulait en connaître plus sur cette histoire. Mary lui avoua que l'homme n'était pas noble et lui avait avoué ses sentiments. Devant le calme de Mary, Antanasia ne préféra pas ajouter de paroles en plus. L'homme devait être un sujet sensible pour la jeune femme, cela ne servait à rien de la peiner plus en la mettant face à une réalité inéluctable, puisqu'il était sûr, François Ier n'acceptera jamais que sa jeune sœur épouse un homme non noble. La vie était ainsi faite, un noble devait épouser un noble et la règle était bien plus stricte pour les princes et princesses de ce monde. Peu arrivé à s'opposer face à l'autorité suprême.
Mary ôta par la suite, une grande ambiguïté, en effet, Antanasia avait pensé pour un temps que la jeune femme avait eu une fille, mais non en fait, la française avait eut une petite voisine pour qui elle était très attachée. L'enfant connaissait une enfance malheureuse et Mary s'était juste occupée d'elle. Cependant, elle avait du partir laissant l'enfant, qui était de nouveaux seule.

« Tu devrais envoyer un messager, maintenant que tu es ici loin de la capitale, tu as le temps pour ça. En plus le messager pourrait te dire comment se porte la petite Lilian. »

Le conseil était simple. En plus il était vrai, loin de Londres, on avait beaucoup moins d'obligation. Même si Antanasia avait sa fille et le domaine, la vie à la campagne était beaucoup plus calme, mais ça la jeune femme ne la regrettait pas. Après tout elle avait quitté Londres pour fuir tout ragots.
Un messager arriva alors, apportant une lettre à la princesse Mary. Cette lettre venait de France et du roi lui même. Anya laissa son amie lire sa missive et elle l'écouta s'exclamer à propos de cette même enfant Lilian. Les grands-parents de la petite seraient mort et elle se retrouvait maintenant seule, dans un monde qu'elle ne connaissait à peine. La brune ne pouvait qu'imaginer l'horrible situation. Après tout il était dangereux pour une enfant de se retrouver seul, dans un monde aussi dangereux. Tout pouvait arriver, le meilleur comme le pire.
Le message n'était pourtant pas fini, une nouvelle bien pire semblait être annoncé, puisque Mary venait de fondre sous ses yeux en larme. N'écoutant que son cœur. Antanasia prit son amie dans ses bras et la berça telle une mère l'aurait fait, sans lui demander plus d'explication. Une fois les larmes apaisaient, la duchesse demanda à la française ce qui pouvait lui causer autant de peine.

« Mary que se passe t-il, votre frère vous a conté quelle horrible nouvelle ? »

La duchesse était inquiète, puisqu'il était rare de voir Mary aussi malheureuse, la nouvelle devait être grave, beaucoup trop grave pour ne pas être prise au sérieux. Là en ce moment même, Anya avait une Mary abattue, une femme qui était bien différente de celle qu'elle connaissait.

Début d'une chute en Enfer....

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« Chapitre VIII ♣ Le bonheur d'avoir une fille. »

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Antanasia connaissait bien cette réplique, elle avait perdu pendant trois années Svanhilde et même si les deux sœurs s'étaient retrouvées, elles avaient toutes deux vécues leurs vies, s'éloignant un peu plus l'une de l'autre. Anya espérait pouvoir retrouver sa relation d’antan avec sa sœur, mais elle en doutait, Svan avait changé, tout comme elle même.
Antanasia avait entendu Mary lui répondre que sa mère venait de décéder, puis elle l'avait vu s'enfuir, l'abandonnant pour mieux pleurer son chagrin. Mary venait de perdre sa mère, Anya serait là si cette dernier le souhaitait, sinon elle s'effacerait. Après tout Mary était une princesse et elle qu'une simple duchesse.
Cette nouvelle amena la Duchesse de Devonshire plusieurs mois plus tôt, au moment où on lui avait annoncé la perte de son bébé. Une larme coula le long des joues de la jeune femme. Elle le savait une perte était douloureuse, surtout quand c'était un proche. Rien ne pouvait être plus horrible que de perdre une personne que l'on aime.

Antanasia se leva de son banc, puis elle s'approcha du lac, elle le contempla et respira l'air frais. Devonshire House était son domaine, là où elle se sentait le mieux et pour rien au monde, elle ne souhaitait changer cela. Retourner à Londres n'était pas dans ses futurs projets. Les tensions étaient beaucoup trop fortes entre elle et William et elle n'avait pas envie d'attiser le brasier, en retournant à la capitale. De plus, Anya ne souhaitait qu'une chose, protéger la petite Agnès, si elle devait cohabiter avec son mari pour le bonheur de sa fille, elle le ferait. Agnès était son bien le plus précieux, le trésor qu'elle chérirait toute sa vie.

« Isabelle, faites venir ma fille et si la princesse Mary demande quoique ce soit, obéissez à ses moindres ordres. »

Les yeux rivés sur l'eau, la jeune femme venait de donner ses ordres à sa servante. Elle voulait sa fille en ce moment-même, pour faire avec elle, le tour du parc et pourquoi pas rendre visite aux animaux qui peuplent Devonshire House. Agnès aimait la nature et rien ne rendrait plus joyeuse la jeune mère que de voir sa fille sourire.
En ce qui concernait Mary, Anya voulait la ménager et tenter de tout faire pour apaiser son cœur meurtri. Mais pour le moment, la duchesse le savait, il fallait laisser la princesse de France surmonter sa peine.
En entendant des éclats de voix, Antanasia se retourna, elle vit sa petite Agnès et étendit les bras pour que la petite vient à s'y blottir. Anya réceptionna sa fille et lui couvrit les joues de baisers. Main dans la main, la mère et la fille partirent en quête de nouvelles aventures palpitantes, celles que la nature pouvait offrir.