♣ Une enfance heureuse

Tout commença un jour de novembre, dans une petite chaumière habitait par une nombreuse famille qui comportait déjà six membres. Dans la chaumière, brulé une petite flamme, pas très épaisse, mais qui chauffée la pièce. Tous les enfants étaient agglutinés autour d'un lit fait de paille où une femme poussait des cris désespéré. Son visage était couvert de transpiration et sa chemise était couverte de sang. Une autre femme l'encourageait et l'aidait à accoucher. Oui, un accouchement se faisait alors qu'il faisait un froid glacial et dans une hygiène peu favorable. Quelques heures après, un bébé est né, une petite fille aux yeux bleu-vert. Assez potelée comme tous les nourrissons et criant famine. Sa mère lui donna le sien n'ayant pas les moyens de se payer une nourrisse.

On nomma la petite fille Ellen. Ses parents Jean et Marguerite Baker étaient des paysans, ni pauvre, ni aisés, qui travaillaient à la ferme. Il avait déjà quatre enfants dont Henry qui était l'ainé, James et Mary qui étaient jumeaux étaient les cadets et enfin Katherine qui était la dernière arrivée, il y a de cela un an. Ellen était donc la benjamine pas très attendue, mais aimée tout de même. Car à présent il fallait nourrir sept bouches ce qui était énorme vu les revenues de la famille. Le nourrisson grandissait à une allure assez rapide et bientôt la petite demoiselle pouvait aider ses ainés. On se rendit bien compte que les tâches difficiles n'étaient pas son fort. D'une maladresse horripilante, on lui demanda simplement de ranger les affaires et de balayer le sol du haut de sa petite taille.

Vers ses six ans, la petite fille dut faire la vaisselle et nourrir les animaux. Sa soeur Katherine l'aidait bien volontiers, les deux jeunes filles étaient comme des jumelles, elles se complétaient. Au grand jamais on ne les a vus se séparer. Ellen aimait les chevaux et grâce à ses grands frères, elle put apprendre l'équitation, du moins le niveau le plus facile. Elle vivait heureuse dans une famille modeste, mais aimante. Elle se sentait à sa place. Parfois, Ellen allait courir dans les champs en riant, elle se roulait par terre et revenait crotté chez elle, mais le sourire aux lèvres. Jamais on aurait pu penser que dans seulement quelques années sa vie allait radicalement changer.

Plus Ellen grandissait, plus les garçons du village la regardaient. Bien qu'elle ne soit pas belle, elle était tout de même mignonne et assez gentille pour leur plaire. Elle ne savait pas encore ce que c'était l'amour, bien entendu Ellen en avait eu vent grâce aux contes et aux histoires. Cela ne la faisait pas forcément rêver, mais elle aurait voulu vivre dans une belle maison avec de belles robes et des domestiques. Mais, cela n'était qu'un rêve, une pensée sans importance qui ne se réaliserait surement jamais. Souvent en regardant ses robes en lin ou en toile et ses bonnets, elle poussait un long soupir puis repartait travailler.

A mesure que les années passaient, Ellen se mit en tête qu'elle resterait dans son petit village et continuerait a traire les vaches. En même temps que pouvait-elle faire d'autre ? Ellen n'avait pas du tout l'âme aventurière. Ses grands frères étaient restés là, Mary était mariée a un voisin et Katherine n'allait pas tarder à partir pour Londres. La jeune femme qui avait maintenant 18 ans, supportait mal cette idée qui la rongée. Sa soeur bien aimée la laissait comme si pendant toutes ses années, rien ne c'était passé. Ellen dépérissait à vu d'oeil et on s'inquiéta fort pour sa santé quand un an plus tard, elle fit une drôle de rencontre.

♣ Quand la soumission fait place à la rébéllion

- Mademoiselle ! Mademoiselle !

Ellen se retourna en entendant une voie d'homme l'appeler. Son seau d'eau à la main et son bonnet de travers. Qui pouvait bien l'appeler ? Aucun de ses frères ne devaient aller en ville et sa soeur était depuis un an partie à Londres. Londres ... Ellen poussa un long soupir sans s'en rendre compte. Ses yeux se posèrent sur le jeune homme qui l'avait hélé. Sa main, qui pourtant serrait fort le bout de fer, lâcha le seau et toute l'eau se rependit à terre. Ses grands yeux s'écarquillèrent et elle resta bouche bée devant l'individu. Il ressemblait à un ange, ses cheveux blonds tombant devant ses yeux bleu ciel. Un sourire charmeur aux lèvres et une carrure des plus musclé. Ellen dû plusieurs fois cligner des yeux pour se remettre du choc. Puis se rendant compte que l'eau se rependait autour d'elle, Ellen se baissa, ramassa le seau et fit demi-tour pour le ré-remplir. Son coeur battait la chamade. Alors, est-ce enfin a 19 ans que sa vie allait changer ?

- Tenez, vous avez perdu ceci tout à l'heure.

Ellen tourna lentement la tête et vit le jeune homme qui lui tendait un ruban. Un ruban ? Elle n'en possédait pas. Retournant à sa tâche, elle ignora l'homme et dit d'une voix totalement détachée.

- Je ne possède pas une telle chose monsieur. Vous avez surement dû vous tromper.

Sur ce, elle retourna chez elle et resta sur son lit toute la journée. Son coeur ne cessait pas de battre et une boule se formait au creux son ventre dès qu'elle pensait au jeune homme. Il devenait une obsession, la chose la plus importante qu'elle n'avait jamais vu. Chaque fois qu'Ellen sortait, elle le croisait, mais étend trop timide, elle baissait pudiquement la tête. Jusqu'au jour où elle craqua et décida enfin de lui parler. Elle répondit sans hésiter à toutes ses questions et tomba sous le charme de Thomas, tel était son nom. Ils s'échangeaient des baisers dans la grange et parfois Thomas voulait aller plus loin, mais Ellen refusait. La jeune femme ne voulait pas perdre son honneur ainsi. Pas dans un endroit comme celui-ci.

Un jour d'août, les deux amoureux (ou du moins c'est ce qu'ils semblaient être) marchaient dans les prés parsemés de fleurs. Ils s'allongèrent et se regardèrent en se tenant la main. Ellen souriait, en pleine extase quand Thomas vint se mettre au-dessus d'elle. Ils se regardèrent longuement.

- Viens avec moi à Londres ...

Ellen cligna plusieurs fois des yeux. Quoi ? Il lui disait de venir à Londres avec lui ? Mais bien sûr qu'elle acceptait ! Ainsi pourrait-elle revoir sa soeur et commencer une nouvelle vie, avoir des enfants dans une petite maison, gagner plus de sou ... allez savoir ! Ellen hocha plusieurs fois la tête et embrassa son amant. Mais au fond d'elle, la jeune femme appréhendait la réaction de ses parents. La nouvelle qui l'avait rendu heureuse en seulement quelques secondes, la rendit maussade la seconde d'après. Pour ne pas ternir la journée de Thomas, elle le poussa délicatement, se releva et annonça qu'elle devait rentrer.

La réaction qu'elle avait prévue de la part de ses parents fut exactement la même. N'en pouvant plus, Ellen se rebella et leur cria dessus sans aucune retenue. Chose que jamais elle n'aurait osé faire auparavant. Son père lui mit une gifle mais rien n'y fit, elle n'avait d'yeux que pour son Thomas et pour sa future nouvelle vie. Prenant ses robes, les rentrant dans un baluchon et disant au revoir à sa famille, Ellen partie sans se retourner, partant avec son amoureux. Ne vivant pas très loin de Londres, le voyage fut assez rapide et sans trop d'embûches. Ayant encore les nerfs à vif, Ellen s'adonna à Thomas à la première auberge venue, persuadé qu'il était son amour de toujours.

Grand bien lui fasse ! Thomas la força bien des fois à voler dans les marchandises dans les échoppes et à pousser de pauvres femmes au travail. Aveuglée par son amour, Ellen fit tout ce qu'il lui demandait. Mais un beau jour ses demande allaient trop loin. Sans aucune retenue, il lui demanda si elle pouvait tuer une personne. Sortant de sa transe, Ellen le regarda abasourdie.

-Quoi ?!

Ellen se leva d'un coup et se dirigea vers les gens en armes qui passaient par là. Mais ne voulant pas se faire prendre, elle aussi, elle s'arrêta en plein milieu de la route. Ellen se mit à pleurer et bientôt une main ferme attrapa ses boucles brunes. Ses larmes redoublèrent et les menaces de Thomas la firent taire. Deux jours plus tard Thomas parti, laissant seul Ellen et ses espoirs détruits. Elle dut mendier pour ne pas mourir de faim. Errant dans les rues, vêtu le plus proprement possible, travaillant entant que servante dans les maisons closes puis comme lavandière ou encore comme poissonnière. Mais le destin la força à faire encore une fois, une rencontre qui allait changer sa misérable vie.

♣ Miss Haydn

Lors de ses 21 ans, trainant dans les rues pour prendre l'air et essayer d'oublier ses soucis, Ellen croisa une demoiselle aux cheveux blonds et aux jolies yeux bleus. Qu'est-ce qu'elle la trouvait jolie et bien habillé ! Pourtant, Ellen avait l'habitude voir de riches bourgeois, mais là ! Et puis, il lui sembla qu'elle était bien sympathique. Voulant paraitre sous son meilleur jour, Ellen passa ses doigts abîmés dans ses cheveux et tapota sa robe. Elle serra encore plus son châle autour de ses frêles épaules. Il fallait réussir à lui parler, mais comment ? La jeune femme paraissait si misérable ... Ellen était désespéré. Elle n'avait aucune amie et elle ne savait pas où était sa soeur.

Avançant d'un pas tremblant, la demoiselle posait ses pieds gelés sur les pavés cabossaient de la rue. Quant à son grand espoir, la dame la regarda. Ellen fit un grand sourire et voulut se diriger vers elle, mais elle trébucha et arriva sur les genoux. Rougissant de honte, elle n'osa pas relever la tête. Mais une jolie main gantée l'aida à se relever. Ellen leva doucement les yeux et avant d'accepter cette jolie main, essuya les siennes sur son tablier. En se relevant, elle put évaluer les dégâts produits par la terre. Sa robe était belle et bien fini. Et Ellen allait bientôt terminer dans les égouts si elle ne trouvait pas une place au plus vite ou n'importe quel travail.

La chance lui souriait de toutes ses dents, car se liant d'amitié avec Milena Haydn (c'est ainsi que se nommait la dame) ou mademoiselle Haydn, Ellen fut prise comme femme de chambre. Elle fut au comble du bonheur. Comment ne pas dès à présent, servir le plus loyalement possible sa chère Mademoiselle Haydn ? Ellen ferait n'importe quoi pour cette dame. Apprenant quelque temps plus tard que la jeune femme était autrichienne et qu'elle avait trois ans de plus qu'elle, Ellen s'enticha d'une réelle et profonde amitié pour sa maitresse.

Maintenant, Ellen vit où Mademoiselle Haydn est et cela n'est pas pour lui déplaire, ayant un toit ou dormir, de la nourriture et un bon lit.

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