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| Dieu est-il le seul à ne pas me détèster ? [Libre] | |
| Auteur | Message |
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Lucrecia A. de Dormans Mash. ○ La princesse aux multiples visages.
♣ Messages : 101 ♣ Livre Sterling : 364 ♣ Date d'inscription : 04/01/2012 ♣ Age du personnage : 25 ans ♣ Profession : Lady Lucrecia, Princesse.
| Sujet: Dieu est-il le seul à ne pas me détèster ? [Libre] Lun 30 Jan - 18:48 | |
| Ce jour s’apprêtait à être comme un autre. C'est-à-dire une journée banale, fastidieuse, et sans grand intérêt. Lucrecia, qui confortablement installée dans ses draps douillets, rêvassait et cherchait quelque chose d’intéressant à faire pour aujourd’hui. Soporifique. Il était 7 heures. Ce qui signifiait que dans une heure, et pas une seconde de moins, les servantes de la Duchesse de Hark allait arrivées dans la chambre et ouvrir la fenêtre, lui sortir un corset, une robe qui sera des plus laides et fades, et des bijoux. Ensuite, elle descendrait, et s’enchainerait une matinée interminable de cour. Un livre sur la tête, elle marcherait sans grand but dans le salon, et continuerait par un cour de rhétorique anglais. Elle plissa les yeux, se mordillant la lèvre. Et puis ? Et puis madame de Hark la trainerait jusqu’à la cour d’Angleterre pour la présenter à quelques vieilles greluches fortunées ayant neveux à marier… Elle s’arrêta. Lucrecia se souvenu quand sa mère lui caressait tendrement les cheveux le matin pour la réveiller, étant enfant, en murmurant qu’elle était le seul maitre de son destin. Oui. Ses parents lui manquaient profondément… Ils savaient que leur mort était proche ; Ils avaient tout prévu, pensant que la vieille duchesse s’occuperait bien d’elle, et voilà.. et voilà qu’elle était depuis maintenant quelques années en Angleterre. Car Madame de Hark l’avait emmené. 7 h 30. Lucrecia se leva d’un bond. Elle ouvrit doucement les volets, laissant la lumière du jour pénétrée dans ses appartements. Marchant sur la pointe des pieds, elle sortit de son armoire une robe noire qu’elle enfila. Elle avait décidé d’aller se recueillir. Lucrecia attrapa deux boucles d’oreilles émeraudes, noua un pendentif autour de son cou, et après s’être préparé descendit sur la pointe des pieds. Elle longea les murs. Personne ne la vit. Et elle sortit enfin, laissant derrière elle cet endroit qu’elle haïssait tant, et respirant le délicieux parfum de la liberté. Il devait être 8 heures quand elle arriva au monastère. Elle poussa les portes, et se fraya un passage entre les bancs. Le silence régnait, et cela lui fit du bien. Quelques personnes jetèrent un furtif regard en sa direction, avant de se replonger dans leurs prières. Lucrecia ne portait pas de corset, et ses cheveux étaient relâchés. Et de plus, elle n’avait même pas fait attention à ses chaussures… Elle avait enfilé des bottes affreuses, grotesques, qu’elle avait mis la veille pour chasser avec un de ses amis. Sa robe remontait un peu trop, et laissait donc visible ses pieds.. Elle la redescendit, les joues légèrement pourpres. Elle se sentit honteuse, mais prise d’une bouffée de courage, s’avança sans y prêter attention. Lucrecia reprit cet air impassible sur son visage, qui laissait l’impression qu’elle était sure d’elle, tout le temps, et sans cesse. De plus, son parfum étrange ne faisait qu’accentuer son côté énigmatique.. Elle s’arrêta devant les marches et fixa longuement une statue de la vierge marie. Aucunes pensées ne lui traversa plus l’esprit, elle resta calme. Ses yeux se fermèrent et croisant ses mains, elle baissa la tête. Elle priait. On ne pouvait deviner ce qu’elle murmurait, mais zes dernières phrases se mouvaient visiblement sur ses lèvres. << … Je ne puis douter qu’ils soient tous deux à vos côtés au royaume des cieux, ils ont leurs places je le sais. Je prie pour eux, qui sont à jamais graver dans mon cœur … et je vous demande mon Dieu d’être à mes côtés, et de m’aider à tenir tête. Ainsi soit-il, Amen. >> Alexandra – de son deuxième prénom – ne demandait jamais d’aide. Elle disait n’avoir besoin de personne. Elle ne voulait que personne ne la dénude de sa carapace. C’est pourquoi, il lui était rassurant de croire en un dieu.. Oui, Lucrecia s'était toujours senti seul, et grâce à ces croyances, elle pensait que quelqu'un sur cette terre pouvait pardonner ses erreurs et l'aimer.. Dieu. Car il est bien connu que les valeurs essentielles du christianisme sont l'amour divain, et le pardon. |
| | | Thomas H. Cram God of Mischief Prince of Lies
♣ Messages : 77 ♣ Livre Sterling : 234 ♣ Date d'inscription : 16/11/2011 ♣ Localisation : Au sommet de sa Tour d'Ivoire ♣ Age du personnage : 27 ans ♣ Profession : Chasseur d'hérétiques
| Sujet: Re: Dieu est-il le seul à ne pas me détèster ? [Libre] Jeu 23 Fév - 18:02 | |
| ஜ Thomas & Lucrecia ஜSi vous passez le pas d'une église, vous entendrez peut-être les anges pleurer. -Je suis en parfait accord avec vous.
Thomas n’avait en rien élevé la voix, et pourtant, un léger écho transporta ses paroles aux quatre coins de la vaste salle. Certains relevèrent la tête, curieux, ou peut-être interpelés par ces mots résonnant autant dans le silence du lieu saint qu’avec leurs propres pensées, y compris celles de Lucrecia. S’ils se trouvaient là, n’était-ce point pour trouver du réconfort, une oreille compatissante pour les écouter ? Et Dieu, suprême entité comprenant leurs malheurs plus que personne, n’échappait en rien à toutes ces complaintes montant jusqu’à sa demeure. Il avait eu beau se créer un Royaume au cœur des nuages, Il se voyait encore poursuivi par ces myriades de demandes, de suppliques, d’appels qui n’en finissaient jamais… Aucun repos, aucune échappatoire, jamais. Alors oui, Dieu avait de bonnes raisons d’être reconnaissant à certaines personnes de prendre le relais ici bas, et de s’attaquer à la misère de la race humaine, qui semblait bien incapable de diminuer ou de s’affaiblir. Il s’agissait d’un petit secret, d’un accord tacite que peu reconnaissaient comme réellement effectif. Qui aurait pensé que Dieu s’en serait remis aux hommes pour accomplir ses desseins ? Peut-être les hommes et les femmes réunis là, dont certains reconnurent le bourgeois, lui sourirent, effleurèrent leur chapeau avant de se replonger tout entiers dans leurs prières. Après tout, le bourgeois ne s’était pas adressé à eux, bien qu’ils l’aient cru. Et puis il n’était pas seul.
Pour tout dire, progressait à ses côtés le doyen du monastère, un vieil homme nécessitant l’aide de son jeune interlocuteur afin d’avancer d’un pas aussi lent que vénérable, et avec qui il parlait à voix basse depuis qu’ils avaient franchi le seuil, là où l’unique phrase de son hôte avait retentie. Thomas, se prêtant au jeu, lui avait abandonné son bras, sur lequel le religieux s’appuyait, et écoutait d’une oreille polie et attentive ce que le moine lui rapportait. Levé dès l’aurore pour rejoindre la petite communauté reculée, Cram ne se trouvait point là pour se recueillir mais bien, encore et toujours, pour ses affaires, et plus particulièrement pour entretenir la meilleure arme à sa disposition, à savoir son réseau de relations. L’homme d’Eglise, ayant la plus grande foi en ses œuvres, le tenait très régulièrement au courant des rumeurs courant à travers la campagne, des plus bénignes aux plus inquiétantes. Certes, le secret de la confession demeurait inviolé, comme le recommandait les Ecritures ; cependant, notre chasseur se contentait aisément des récits que les épouses de vavasseur ne manquaient pas d’échanger après les messes, et qui ne tombaient pas dans l’oreille d’un sourd, le monastère étant, sans forcément y inclure de Seigneur, habité par des êtres honnêtes occupant le temps comme ils le pouvaient, entre lecture, psaumes et ragots divers et variés. Tout ne se trouvait pas bon à prendre, mais enfin, le premier averti en cas d’exorcisme et autres cas semblables se trouvait toujours être le curé du village, ou du moins le personnage saint le plus proche.
Mais, et que le Tout Puissant en soit remercier, aucune affaire méritant l’intérêt de Thomas n’avait vu le jour dans la région. Les sujets de Sa Majesté se remettaient tant bien que mal de la tempête ayant rudement mis à mal leurs récoltes, et se retrouvaient souvent en ces lieux afin de demander aide et apaisement auprès du Christ et de sa mère Marie. Le britannique n’estimait pas pourtant avoir perdu son temps en ayant quitté Londres et ses bruyantes ruelles pour gagner ce refuge de calme en pleine nature : le doyen se révélait être un homme plein de bon sens malgré son âge avancé, et appréciant sincèrement le travail de sa jeune connaissance, ainsi que leurs lentes marches autour du monastère, quand le temps s’y prêtait, agrémentée de profondes discussions théologiques. Il se retrouvait donc presque bercé par les récits de l’aïeul qui ne manquait pas, dès qu’il le pouvait, de saluer les efforts méritoires de lui et de ses pairs dans le combat sans fin contre les hérétiques menaçant chaque jour un peu plus le Royaume. Conservant la tête froide, son interlocuteur hochait de temps à autre la tête, une part de son esprit continuant à écouter l’interminable conciliabule qu’on lui tenait, tandis que l’autre, dès qu’ils furent entrés dans la pièce au haut plafond de pierre, s’intéressa aux quidams agenouillés sur les dalles froides ou, si leur condition le leur permettait, sur des prie-Dieu de bois. Il n’y trouverait pas cette fois de créature provoquant sa curiosité, mais Thomas était ainsi : chaque nouvel environnement appelait son analyse pointue, réflexe inné particulièrement utile lorsque l’on savait bien l’utiliser. D’ailleurs, il sentit, par la légère inflexion que le moine appliqua sur son avant-bras, que leur route, au départ rectiligne en direction de l’autel, allait légèrement obliquer, a priori en direction d’une des personnes silencieusement retirées en elles-mêmes. Patiemment, l’anglais attendit que son compagnon de promenade le renseignât sur l’objet de ce détour et comme s’il avait lut dans ses pensées, le moine lui glissa ceci :
-Mon ami, j’aimerais vous présenter une de nos plus estimables fidèles, la Princesse Lucrecia de Dormans.
L’intérêt latent du bourgeois, en entendant ce patronyme inconnu, s’éveilla lestement, animant déjà les iris verts de son propriétaire. Découvrir de nouvelles personnes ne lui déplaisait pas, et puis qui d’autre que lui pouvait bien avoir acquis la sympathie du religieux ? Respectant la paix de la calme silhouette drapée de noire et prostrée aux pieds de la Vierge, ils attendirent qu’elle daigne se relever. |
| | | Lucrecia A. de Dormans Mash. ○ La princesse aux multiples visages.
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| Sujet: Re: Dieu est-il le seul à ne pas me détèster ? [Libre] Ven 24 Fév - 10:17 | |
| Laisser la prière de côté et retourner à d'étranges activités ♣ Encore perdue dans ses pensées, le regard posé sur la Statue divine du monastère, elle ne daigna pas bouger pour l’instant. Elle rouvrit simplement les yeux, toujours de dos à ces futurs interlocuteurs. Un sourire fendit alors son visage pâle et froid, tandis qu’elle se releva avec une certaine maladresse. Et puis… Plus rien. Pas un mot venant de sa part. Pourtant elle ne semblait plus se recueillir. Lucrecia était visiblement une femme très petite, du moins, c’est l’impression qu’elle donnait de dos. Ses boucles blondes retombaient sur ses épaules sans aucune retenue, d’un air un peu bohémien, et trop naturel pour une princesse digne de son nom. Sa robe d’un noir profond, dont un corset faisait ressortir sa petite poitrine, lui donnait un peu plus de retenue. Seulement, ses énormes bottes de chasse se laissant désormais apercevoir sous sa robe ne rendait son personnage que plus ridicule… Et au fond, c’est bien ce qu’elle était, ridicule. Son monde était un mélange de bassesse et de ridicule orgueil. En entendant les deux hommes converser, il lui avait sembler entendre la voix d’un moine qu’elle connaissait bien. Celui-ci, était quelqu’un de très patient, et un homme très gentil. Il avait su en apprendre jours après jours un peu plus sur Lucrecia, ce qui n’était visiblement pas mince affaire. Mais, l’esprit manipulateur de la princesse ne cessait jamais de penser à ses intérêts, et grâce au moine, elle avait obtenu quelques informations sur certains personnages hautains de la haute noblesse qu’elle tentait de piéger… Oui, elle continua de sourire en y repensant. Les moines étaient en partie tous gentils, doux et ouverts. Mais celui là, d'un fon plutôt naïf, lui avait semblé encore plus simple à approcher. Après tout, avec un physique aussi frêle que le sien, aux premiers abords, Lucrecia pouvait avoir l’air d'un ange… Mais, aujourd’hui, ce n’était visiblement pas son but. Le sourire agréable qu’elle s’était laissé apercevoir s’effaça progressivement, avant de mourir paisiblement à la fine commissure de ses lèvres. Il en aurait fallut beaucoup pour qu’elle soit souriante et sincère à nouveau, surtout face à un nouvel interlocuteur. Alors, son visage redevenant aussi froid et sans expression qu’à ses habitudes, elle se décida après longue réflexion à regarder le visage de cet nouvel connaissance. Elle se retourna ; Visage impassible et inexpressif ; leva légèrement le menton ce qui lui donna un air un peu plus grand ; Et fixa les deux hommes qui étaient désormais face à elle. Ses grands yeux bleu clair étudièrent longuement le nouveau personnage qui s’offrait à elle. Un homme. Un bourgeois, apparemment. Dès qu’il ouvrirait la bouche, la princesse Lucrecia aurait un avis déjà bien fait sur lui. Les premières impressions, pour elle, était très importante. Après tout, elle les détestait tous. Les bourgeois, les nobles, les riches. Elle n’aimait pas pour autant les pauvres. Non. Elle détestait simplement ces personnes avide d’argent. Elle détestait simplement son monde et ce qu’elle était. Oui, tout simplement. Pourtant, l’homme qu’elle fixait inlassablement ne lui apporta aucunes sensations de dégoûts, au contraire. Il semblait plutôt intelligent. Non, en faîtes il « ne semblait » rien du tout. Cela l’énerva d’ailleurs assez passablement de ne pas réussir à cerner quelqu’un en le voyant. Cette fois, elle n’avait pour l’instant aucune impression précise… et cela la tourmentait assez. Elle fronça les sourcils, ce personnage l’intriguant visiblement, puis reprit son air indéchiffrable. Elle se décica enfin à parler, et le moine sembla assez surpris, car ce n'était pas dans les habitudes de la princesse de débuter une conversation. Ses lèvres se mouvèrent doucement, tandis qu'elle s'appliqua à rendre sa voix froide, mais sans exagération. C'est à dire qu'elle ne fut pas repoussante, au contraire, mais plutôt intriguante. Elle fixa tout d'abord le moine. << Bonjour mon Père. Vous me voyez réjouis de vous croiser en cette matinée. Je n'étais pas venu ici depuis longtemps. >> Et puis, reluquant une dernière fois de bas en haut l'autre homme pour qui une certaine nuance de respect se formait déjà, elle hocha doucement la tête. Elle ne s'inclina pas non... D'ailleurs elle ne s'inclinait jamais. Comme tout autre révérence qu'elle trouvait tout simplement inutile. Non, pas de révérence pour la princesse. Sauf bien evidemment si vous êtes le Roi ou la Reine en personne. Mais ce hochement de tête aussi discrêt qu'il soit, était un geste extrement respectueux à l'égard d'un inconnu. Elle reprit alors, ne regardant plus le moine, mais continuant de lui parler : << Et je vois que vous êtes en bonne compagnie. >> |
| | | Thomas H. Cram God of Mischief Prince of Lies
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| Sujet: Re: Dieu est-il le seul à ne pas me détèster ? [Libre] Jeu 1 Mar - 16:54 | |
| (c) black-nataஜ Thomas & Lucrecia ஜHello, I'm an incomprehensible liferuiner Nice to meet you. Bien que d’une grande patience, le bourgeois fut plutôt satisfait de voir la jeune femme se relever sans les avoir fait patienter durant d’interminables minutes. Si le religieux avait souhaité lui présenter quelqu’un, c’était qu’il s’agissait d’une figure remarquable, sinon importante de son microcosme, que ce soit par les informations qu’elle connaissait, ou encore son rang. À sa chevelure, il reconnut une noble : certes, sa toilette relevait de la plus banale simplicité, mais le blond de ses cheveux ne se trouvait point sujet à l’injure d’un soleil frappant sans relâche chaque été les épaules des paysans, et avait été soigné avec minutie. Les pierres parant ses boucles écartaient la bourgeoisie, là où de tels bijoux n’auraient permis, même avec moult suppliques, l’achat de la parure dont Cram devinait le fermoir ouvragé sur la nuque de l’inconnue. Certaines bien nées les auraient fait patienter durant d’interminables instants, simplement pour le plaisir de se faire désirer, mais celle-ci eut le bon ton de ne point se faire prier –pardonnez le jeu de mots-, car enfin, demeurer statique en pleine allée centrale, et au bras d’un vieillard, on pouvait aisément connaître plus palpitant.
De son côté, le doyen, s’appuyant certainement sur son grand âge et la superficielle relation qu’il entretenait avec sa paroissienne occasionnelle, osa prendre les rênes de la discussion à peine engagée, ce qui permit à Thomas de demeurer silencieux, poste d’observateur apparaissant comme particulièrement utile en présence de la Princesse.
-Votre Altesse, permettez-moi de vous introduire auprès d’un défenseur de notre foi dont l’Eglise peut être fière…
Thomas retint un demi sourire aussi flatté qu’ironique : ce vieil homme était agréable, quoi que parfois un peu trop empli d’admiration à son endroit…
-Je vous en prie, vous êtes trop bon, et je ne mérite de semblables éloges.
Puis il posa les yeux sur la jeune femme, et lui sourit, de ce sourire presque solaire sans être aveuglant qui faisait de lui quelqu’un d’automatiquement avenant et agréable par l’aura d'amabilité, pareil à l'aura doré formé par la flamme d'une bougie.
-Madame… fit-il tout bas en s’inclinant en une modeste révérence de la saluer avec tout le respect lui étant dû, sans pour autant « s’impliquer » de trop.
N’avez-vous jamais remarqué, parmi les foules toujours plus nombreuses se pressant autour des Grands da la quête inavouée d’une faveur ou d’une once de considération, à quel point certains courtisans, dès que leur nom s’était trouvé porté à la connaissance de leur proie au sang bleu, se rapprochait verbalement de cette dernière, dociles, rampant, débordant de respect intéressé et d’empressement craintif ? Rien de plus déplaisant que les manières pitoyables de ces créatures prêtes à tout pour qu’on se souvienne seulement de leur nom. Thomas, par sa façon de parler, présentait le plus simplement du monde son non-désir d’appartenir à cette odieuse caste. Sans doute ceci était-il inconscient, dicté par un esprit trop intellectuellement élevé pour seulement être capable de s’abaisser à de semblables ronds de jambe. Ou bien était-ce encore un de ces masques contre lequel Lucrecia buttait, à son grand déplaisir. Après tout, l’enquêteur n’était-il pas scruté, à l’heure où nous parlons ? Oh, ceci, ce dernier ne pouvait l’avoir manqué. Poliment, il n’infligea pas à sa vis-à-vis le même traitement, galanterie oblige, habitué à être détaillé de façon souvent appuyée lorsqu’autrui le rencontrait pour la première fois. Son physique, son métier, sa tête bien faite et bien pleine, autant de critères qui le rendaient, sinon exceptionnel, juste un peu hors du commun. Une part de lui qui ne le rendait nullement vaniteux, mais rendant plus ardu son mimétisme qui, comme le pouvoir d’un caméléon, devait le faire pénétrer dans tous les foyers, toutes les sphères, et ce le plus naturellement du monde.
Ni baisemain, car elle ne lui avait point tendu ses doigts, ni énonciation de son patronyme, parce qu’enfin, elle ne le lui avait point demandé, et n’en avait peut-être cure, quoi que semblent assurer ses aimables propos. Ils demeuraient des étrangers, bien que l’une cherchât à percer les défenses de l’autre. Sans se départir de cette attitude visant à ne lui concéder aucune prise, le bourgeois continua sans mal son propre petit travail d’analyse, bien moins appuyé que celui de la miss, bien plus aisé car le visage de cette dernière, quoi que possédant lui aussi des artifices visant à induire en erreur le novice, demeurait globalement déchiffrable pour celui ayant le talent de lire dans les âmes. Ce qu’il y trouva ? Rien de bien captivant, ne lui en déplaise. Une noble comme une autre qui s’efforçait de cacher pensées et émotions derrière une façade imprenable. Typique.
Et, dans la même veine prévisible, le moine se racla la gorge comme seules savent le faire les personnes fort âgées avant de conclure :
-Mes enfants, pardonnez à un vieil homme de papillonner ainsi ; mes ouailles me requièrent, et je dois déjà vous abandonner…
Thomas retint poliment un haussement de sourcils désabusé : leur interlocuteur avait-il préparé cette entrevue, pour effectuer une sortie aussi peu habile ? S’il avait tenté de ne pas donné l’impression de les avoir projetés dans une conversation arrangée, eh bien ma foi, il ne s’était pas donné grande peine afin de soigner son œuvre…
Néanmoins, les apparences obligeant, le jeune homme ajouta sur un ton emprunt de souci savamment dosé entre sensibilité et retenue, et ayant une très convenable apparence de sincérité :
-Y parviendrez-vous sans encombre, mon Père ?
Son interlocuteur hocha la tête avec gratitude :
-Je vous remercie, je connais ce monastère mieux que personne, et mes jambes, aussi réticentes qu’elles puissent être, n’oseront jouer aux fortes têtes.
S’armant de sa canne de bois noueux au moins aussi âgée qu’elle, l’ancien s’éloigna après avoir renouvelé ses respects à la Princesse, les laissant seuls comme si cet état allait leur permettre, que sais-je, de découvrir à eux deux le secret de l’univers, eux qui, d’après le prêtre, semblaient enclins à bien s’entendre.
-Sacré personnage, s’il en est… glissa Cram à sa nouvelle « amie » imposée, ne tâchant pas de donner une pointe d’humour à une plaisanterie qui n’en n’était pas vraiment une, tout en conservant toujours cette distance respectueuse sans pour autant se montrer froid au indifférent.
Des yeux, il suivit son compagnon de promenade, laissant s’écouler un silence lourd de réflexions gardées secrètes : quelle misère, que d’être ainsi réduit à une quasi loque par la vieillesse… Mais quel plaisir également de connaître de semblables êtres, car enfin, quelle meilleure méthode pour rapprocher deux personnes que de leur donner matière à bavarder dans le dos d’une troisième ? |
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