Les rues de Londres étaient bondées de monde me bousculant sans pitié. C'est vrai, qui ferait attention à une petite chambrière, alors que le plus important était de ne pas bousculer les bourgeois et nobles pour ne pas se faire mettre au cachot ? Le bas de ma robe était comme d'habitude, couverte de poussière et mes chaussures commençaient à me faire mal aux pieds. Mes yeux regardaient les vendeurs et vendeuses, les poissonnières, les libraires, les lavandières et tout le petit mon de Londres. Je me faufilais le plus vite possible entre les personnes pour regagner un coin plus calme. La chaleur était étouffantes avec toutes ces gens.

Ma robe en lin me grattait le ventre, j'avais très souvent effleuré les robes de Mademoiselle Haydn de mes doigts et rien n'y était comparable. Ces fourrures, la soie et même la dentelle, c'était si beau et doux ! J'en rêvais la nuit, quand je dormais dans mon lit. J'espérais au fond de moi, un jour, porter de telles merveilles. Parfois, tout le temps même, j'enviais les nobles qui se pavanent devant notre bon Roi Henri VIII. Mais au fond, ne sont-ils pas pleins d'obligations ? En fait, je ne sais pas quoi penser.

Un chariot plein de personnes passais à côté de moi et frôlait mon bras droit. Un enfant aux grands yeux noirs, me regardait tristement, sa mère le serrant contre elle. Ils étaient bien pauvres et je leur souris tristement, je ne pouvais rien faire pour eux, c'était évident. Je n'étais qu'une simple chambrière, qui se trouvait autrefois dans une bien mauvaise posture. Je ressentis un frisson, non il ne venait pas du froid, il faisait beaucoup trop chaud, je dirais plutôt de peur. Quelqu'un m'insultait, car je n'avançais pas, mais sa voix m'était sourde. On me bouscula et je revins à moi.

Me retournant, je perdis l'équilibre et tombais a terre. Ah, ma fameuse maladresse. Je levais les yeux au ciel et soupirais. Qu'avais-je fais pour mériter ça ? Alors que j'essayais de me relever, une bonne femme me rentra à son tour dedans et tomba à terre dans une flaque dont je ne reconnaissais pas la substance. Mes joues s'empourprèrent. Mon dieu ... je restais là paralysée par la honte. Je me tournais vers la femme pour m'excuser et baissais la tête aussi vite que je le pus : du jaune d'oeuf dégoulinait de sa coiffe. Je me relevais, dis pardon en toute hâte et repris ma route en trottinant.

Une fois à l'écart, j'époussetais ma robe et regardais aux alentour, quand une jeune demoiselle sortir d'une maison. Elle devait avoir dans les 15 /16 ans. Bien entendu, elle devait être servante. Je regardais la maison plus attentivement, l'extérieur était plutôt beau. Elle avait l'air grande et assez spacieuse. Je fis une moue et avançait un peu plus vers la demoiselle. Je me revoyais à cet âge, chez moi et non à travailler chez quelqu'un d'autre. Sa famille devait lui manquer, a moins qu'elle n'en ai plus ? Je cherchais moi-même ma soeur Katherine et ne la trouvais toujours pas à Londres. Allez savoir, peut-être était-elle partie en voyage ?

J'avais une folle envie de sympathiser avec elle et de savoir son prénom. Nous allions surement nous revoir dans les rues de Londres de toute façon. Mais je ne savais pas comment l'interpeller....